Qu’est-ce qui vous a motivé pour écrire votre dernier livre « Manger sain et durable, de notre assiette à la planète » (Edition QUAE, 2020) ?
Parce que, sollicité par l’Editeur, j’ai voulu partager mes connaissances avec le plus large public, en apportant des données souvent méconnues et des arguments solides pour encourager la transition indispensable vers des alimentations durables. Je suis un scientifique, chercheur en alimentation, nutrition et santé, expert reconnu dans certains domaines et impliqué dans des réseaux nationaux et internationaux, soucieux de vérité et d’éthique. Je suis aussi un citoyen engagé, comme beaucoup d’autres et depuis longtemps, qui œuvrent pour une alimentation saine, une planète vivable et un avenir meilleur pour les nouvelles générations.
Quel a été votre rôle dans l’étude BioNutriNet Santé ? Qu’a apporté cette étude dans le débat ?
C’est suite à de précédentes collaborations, et à la mise en place en 2009 de la grande cohorte Nutrinet-Santé par mes collègues épidémiologistes de la nutrition de l’EREN (dont S. Hercberg et M. Touvier, et E. Kesse-Guyot). C’est une des plus importantes études épidémiologiques en population générale sur les relations entre mode de vie, alimentation et santé incluant près de 200 000 adultes volontaires. Aussi, nous avons convenu de réaliser ensemble une étude approfondie des consommateurs bio, comparés aux autres, et en associant d’autres spécialistes pour leurs compétences, dont Bioconsom’acteurs. Elle est la plus importante au monde sur ce sujet et a donné déjà près de 20 publications dans des journaux scientifiques internationaux réputés. Elle a apporté la plupart des connaissances importantes sur les consommateurs bio.
Pouvez-vous nous présenter vos projets en cours, ou nous parler de vos dernières publications ?
En bref résumé, que les consommateurs très réguliers de bio (environ 60-70% de leurs aliments) ont une alimentation de meilleure qualité (plus d’aliments végétaux, moins raffinés et des apports supérieurs en nombreux nutriments), en respectant mieux les recommandations (PNNS), avec moins d’exposition aux pesticides chimiques (teneurs inférieures dans les aliments et urines). Ils montrent aussi une probabilité plus faible de surpoids et d’obésité (-50%/-31%), de syndrome métabolique/risque cardio-vasculaire (-31%), de développer un diabète de type 2 (-35%) ou un cancer (-25%) en quelques années. Enfin, leur régime alimentaire a un impact réduit sur des ressources (terres -23%, énergie -25%) et les émissions de GES (-37%), comparé aux non-consommateurs de bio.
Nos autres études ont montré globalement que ces alimentations à base végétale et bio ont moins d’impacts négatifs, respectent mieux les recommandations du PNNS (2019) et sont donc plus durables. Mon livre rapporte ces résultats de façon détaillée.
Par où commencer pour changer son assiette, quand on veut réduire son impact écologique ?
Un consensus scientifique international se dégage pour dire qu’il faut réduire les aliments animaux, et en priorité la viande de ruminants (bœuf, mouton) pour réduire l’impact sur les ressources et les gaz à effet de serre, augmenter les aliments végétaux et riches en fibres, et d’origine bio pour réduire fortement l’exposition aux pesticides et favoriser la biodiversité. C’est ce que font donc déjà les consommateurs bio !
Nous remercions chaleureusement Denis Lairon d’avoir répondu à nos questions et nous vous recommandons la lecture de son dernier livre.
Pour en savoir plus, découvrez aussi un article sur le livre « Manger sain et durable, de notre assiette à la planète » de Denis Lairon ici.