Portrait de bio consom’actrice : Valérie, le sens du partage !

 

Depuis quand es-tu sensible à la bio et à des façons durables de consommer ?

En fait, j’ai un profil un peu atypique en tant que relai Bioconsomact’eurs, car la bio j’en étais très loin ! Je suis parisienne de souche et j’ai vécu à Paris jusqu’à l’âge de 40 ans. J’ai fait des études de marketing et communication, et je suis maintenant cadre d’entreprise en tant qu’ergonome.
C’est progressivement que je suis allée vers la bio.  D’abord, j’ai dû quitter la région parisienne en partie parce que j’étais devenue intolérante à la pollution. J’ai eu une opportunité professionnelle et nous avons fait le choix avec ma famille de nous installer dans la périphérie de Rennes, avec maison et jardin. Ici à Rennes, je me suis sentie beaucoup mieux et tout naturellement, j’ai recherché autour de moi des producteurs locaux et bio, pour notre alimentation. Ce qui était quand même plus facile qu’à Paris… Je sentais aussi que les produits chimiques, que ce soit au niveau cosmétique ou des produits d’entretien, ne me convenaient pas. Je me suis mise à faire mes courses au Biocoop et par les circuits courts et à jardiner également (un peu…)

Qu’est-ce qui t’a alors mise sur la voie de Bioconsom’acteurs ?

J’ai toujours eu envie de communiquer sur les sujets qui me tiennent à cœur. Soutenir cette association avec laquelle je partageais mes valeurs allait de soi. J’aime bien aussi le côté militant de l’association. Sensibiliser les gens à prendre conscience de leur énorme pouvoir en tant que consommateur, c’est enthousiasmant. Plutôt que de signer des pétitions ou de défiler dans la rue (ce qui n’empêche pas de le faire), je préfère essayer de changer le monde en faisant mes courses !
Pendant longtemps j’ai alimenté ma page locale sur le site de l’association. Puis j’ai eu envie de constituer un groupe local parce que c’est plus sympa d’être à plusieurs ! Et c’est là que j’ai rencontré Sophie, Karine, Nelly, suite à une animation disco soup  lors d’une journée de la transition. Au départ, nous avions plutôt envie d’organiser des actions de communication, de participer à des événements, tels que Alternatiba, au cours duquel nous avons animé une opération porteur de parole autour de la question « Qu’est-ce que bien manger pour vous ? ». Puis, nous avons organisé une conférence avec Hubert Jouan, auteur de « La cuisine de demain », et qui depuis 1994, milite avec l’association « La Bonne Assiette » pour une alimentation plus saine, moins carnée, pour le plus grand bénéfice de notre santé. C’est avec lui que nous avons pris des cours de cuisine végétarienne, ce qui nous a aidé à mettre en pratique dans notre quotidien ce mode d’alimentation alternatif.  
Ce fut le début de l’aventure et la concrétisation de mon engagement autour des repas partagés de cuisine saine et locale, que je propose depuis maintenant un an et demi à la cuisine de Noyal-sur-Villaine.

Et le végétarisme, justement ?

Le végétarisme, j’y suis venue en douceur. J’étais une adepte de mon bifteck presque quotidien. Ayant choisi de consommer bio et local, c’est d’abord pour rééquilibrer notre budget alimentation que nous avons décidé de manger moins de viande. Puis, nous nous sommes rendu compte, suite à une prise de conscience « intellectuelle » que si nous voulions faire notre part pour participer à la limitation du réchauffement climatique, une des façons de le faire, est de réduire notre consommation de viande. L’agriculture est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre ! Pour la production d’un kg de viande de bœuf, l’impact carbone est 50 fois plus élevé que pour la production d’un kg de protéine végétale.
Il y a eu en même temps une prise de conscience du mal-être animal. Des lectures, notamment l’ouvrage de Jane Godal, « Nous sommes ce que nous mangeons », ont terminé de me convaincre.
Parallèlement, je suis à la recherche d’un bien-être personnel. Des exercices quotidiens de yoga et un accompagnement en médecine ayurvédique (médecine millénaire en Inde)  m’ont aidée à prendre conscience de mon corps, et donc de mon alimentation. J’avais de légers problèmes digestifs… Après chaque repas un peu copieux et arrosé, avec dessert, je me sentais mal avec une impression d’épuisement. Je me demandais pourquoi se nourrir devrait se solder par deux heures franchement désagréables ! Au contraire, la nourriture devrait nous redonner de l’énergie ! J’ai alors commencé à m’intéresser aux relations entre alimentation et santé : réduire les protéines animales, remplacer la crème fraîche ou le beurre par des crèmes ou des huiles végétales, manger plus de légumes. Cela a été une véritable découverte ! J’ai expérimenté sur moi-même le bien-être et la légèreté que cela me procurait. Mais je ne m’interdis rien ! Comme je suis plutôt gourmande avec une tendance boulimique, à chaque fois, je prends conscience que finalement, pour un petit moment de plaisir, cela ne vaut pas le coup. Et petit à petit, c’est comme ça que j’ai perdu l’envie de manger de la viande et que j’ai réduit également le sucre, l’alcool… J’en suis maintenant à la réduction du gluten. Et c’est un vrai plaisir, contrairement à ce que l’on a tendance à croire ! J’ai gagné énormément en énergie et en vitalité !

Comment est venue l’idée des repas partagés que tu proposes ?

Quand on n’est pas spécialement douée en cuisine, que l’on travaille à plein temps et que l’on a 3 ados (+1) à nourrir, se mettre à cuisiner est loin d’être facile ! Pour sortir des spaghettis bolognaises et des hamburgers (même maison et bio) et amener mes gars à découvrir avec moi d’autres saveurs, j’avoue que j’ai galéré. Il y a eu des ratés, des râleries… mais j’ai tenu bon ! Malheureusement, au collège, ils ont déjà largement leur dose de protéine animale à la cantine, et le soir donc, dans la majorité des cas, j’ai éliminé peu à peu la viande. Mais il est indispensable de se mettre à la cuisine pour proposer des plats savoureux et, sans protéines animales, cela demande plus de recherche, d’inventivité, de temps aussi.
Tout en apprenant moi-même par des lectures et des cours de cuisine, j’ai eu envie de partager mes expériences et aussi mes difficultés en élargissant le petit groupe local que nous avions constitué. C’est ainsi que nous avons pu bénéficier d’une grande cuisine communale, et avons lancé des repas partagés, afin de toucher un peu plus de monde. Je me suis rendu compte aussi que les gens qui prennent des cours de cuisine, une fois rentrés chez eux, ne mettent pas forcément en œuvre ce qu’ils ont expérimenté. Il faut un engagement plus fort, un sentiment d’appartenance à un groupe pour faire perdurer sa démarche dans  le temps et ne pas revenir à la solution de facilité : les éternelles frites… ! Dans la mesure où je ne me présente pas comme un prof, j’ai autant à apprendre qu’eux dans le domaine culinaire, je leur propose de participer en proposant une recette à tour de rôle et de faire les courses pour cette recette. Après chacun va à son rythme et c’est bien qu’il y ait tous les niveaux. Ceux qui débutent vont bénéficier de l’expérience de ceux qui sont déjà davantage engagé dans la démarche. Certains prennent des cours de cuisine en parallèle. Le changement ne se fait pas en un jour ni même en un an !

Tu fais partie d’une autre association « Courants alternatifs », à Acigné, avec qui vous menez de petites actions locales comme la mise en place de toilettes sèches, l’utilisation de gobelets réutilisables… Peux-tu nous en dire plus ?

Oui, il s’agit d’une association écologiste locale située à Acigné, où je vis. Nous nous intéressons à différents sujets comme l’éolien, suite à un projet d’implantation d’éoliennes sur la commune, projet que nous défendons, ou encore la défense des terres agricoles, etc. Nous gérons également des bacs « incroyables comestibles ». Nous avons organisé une conférence avec Claude et Lydia Bourguignon sur la vie du sol, des rencontres avec des agriculteurs, des fêtes, comme la fête de l’arbre au cours de laquelle nous avons fait intervenir des passionnés de la préservation des variétés anciennes de pommes, et nous avons présenté au public notamment les variétés présentes sur le verger-conservatoire présent à Acigné. Je dois à Courants alternatifs d’avoir été d’emblée sensibilisée à ces sujets, dès mon arrivée à Rennes. C’est un groupe avec lequel nous avons beaucoup de réflexions, d’échanges sur l’écologie en général. Personnellement, j’ai eu envie de creuser le sujet, plus spécifique, de l’alimentation.

Tu as déjà réalisé une bio disco soupe, une des actions phares du projet de Bio Consom’acteurs « La bio pour tous ». Quel retour d’expérience peux-tu faire de cette action ?

Nous avons en effet expérimenté la bio disco soupe, lors de cette fameuse journée de la transition au cours de laquelle s’est constitué le groupe local. Il s’agissait d’un stand parmi d’autres. Contrairement à une disco soup, les personnes ne venaient pas exprès pour participer à la disco soup et donc à l’épluchage de légumes, et de notre côté nous n’avions pas de temps pour discuter avec les gens, parler de l’association… De plus, il a été difficile de trouver des invendus, peu disponibles chez les producteurs bio.  Nous n’avons donc pas renouvelé l’opération, d’autant qu’il existe une autre association sur Rennes qui organise régulièrement des Disco soupes.

Tu as donc plutôt concentré ton action autour des repas partagés…

Oui, plutôt que de sensibiliser un maximum de gens qui restent  une heure sur un stand puis passent à autre chose,  je préfère accompagner le changement d’un petit groupe  sur le long terme et les aider à intégrer le changement dans leur quotidien (ce qui ne veut pas dire que nous ne referons pas ce type d’action dans le futur).  L’objectif de mon action est simple et toujours le même : accompagner les gens dans leur changement d’alimentation. Mais plutôt que de proposer un cours (je n’ai pas la légitimité pour cela, n’étant ni diététicienne ni créatrice culinaire), j’ai envie d’animer des échanges au sein d’un groupe de personnes qui souhaitent progresser en matière de cuisine saine et locale, échanger des recettes simples et familiales et des bonnes pratiques pour se faciliter la vie et, enfin, pouvoir se rencontrer régulièrement et avoir le plaisir de cuisiner ensemble dans la bonne humeur, la gourmandise et la simplicité.

Comment ces repas sont-ils organisés ?

Je propose cinq dates dans l’année, via un doodle, et les gens s’inscrivent librement. Il faut quand même qu’il y ait un minimum de personnes pour que le repas ait lieu. Mais je reverrai peut-être le mode d’inscription l’année prochaine afin que les repas partagés soient des rendez-vous pris à l’année.

Quelle serait la valeur que tu mettrais le plus en avant pour encourager de futurs relais Bio Consom’acteurs à se lancer dans l’aventure ?

Je dirais, le partage. Il faut selon moi que l’envie de partager ses passions et ses valeurs soit au cœur de son engagement. Bio Consom’acteurs est un vecteur pour le faire ! Et cela, dans les deux sens, car nous sommes à la fois un correspondant local pour l’association qui permet de rendre compte des actions qui sont menées sur le terrain et Bio Consom’acteurs nous permet  d’accéder à un réseau local et d’intervenir sur des animations des événements locaux, sans qui nous n’aurions pas autant de visibilité et de possibilités. Cela m’a permis, en tant que relais Bioconsom’acteurs, de participer par exemple à Alternatiba, le salon Ille et Bio à Guichen mais aussi des ateliers « alimentation durable » organisé par Rennes métropole…

Où peut-on le plus facilement te contacter, échanger avec toi ?

Par mail  bioconsomacteurs35(at)gmail.com ou sur la page facebook Bioconsomacteurs-Pays-de-Rennes sur laquelle je partage beaucoup d’actualités locales (ou non) dans le domaine de l’écologie et plus spécifiquement de l’alimentation. N’hésitez pas à liker la page !

Partager

À votre tour, contribuez à écrire notre histoire collective !

Envoyez-nous vos textes, vos articles, partagez vos points de vue sur les sujets qui vous animent !

Articles liés