L’eau : un bien commun en lutte et en dialogue

Considérée comme acquise, l’eau est pourtant redevenue un sujet central des préoccupations contemporaines – paysannes et pas seulement. Alerté.es par celles et ceux qui travaillent les sols et nous nourrissent, l’eau comme bien à défendre a (re)pris pour les militant.es une place importante. C’est pour sa défense que des dizaines de milliers d’entre elleux se sont réuni.es entre le 16 et le 21 juillet dans la commune de Melle dans les Deux-Sèvres, nous y étions.

Les suggestions de Bio Consom’acteurs :

  • En janvier 2025, permettre une démocratie pour les paysannes et paysans et une représentativité des acteurs agricoles.
  • Favoriser un commerce équitable partout en France pour une juste rémunération des paysans et paysannes.
  • Éduquer aux enjeux agricoles et alimentaires à l’école.
  • Intégrer des citoyen·nes dans les Chambres d’Agriculture.
  • Renforcer les liens entre les Plans Alimentaires Territoriaux (PAT) et les Projets Territoriaux de Gestion de l’Eau (PTGE).
  • Former les professionnel·les de cantine pour construire un environnement alimentaire de qualité.
  • Faciliter l’installation de 1 000 000  paysans et paysannes supplémentaires.
  • Mettre en place une Sécurité Sociale Alimentaire (SSA). Pour en savoir plus sur la SSA, retrouvez notre article dédié au sujet.
  • Remettre le dialogue au centre autour des enjeux de l’eau.
  • Reconnaître l’exclusivité de l’humus pour fertiliser les sols.
  • Être autonome avec les matières fossiles.

Durant ces 6 jours, le village a accueilli en son sein des militant.es venu.es tout aussi bien du Poitou que de Marseille, de l’Espagne que de l’Argentine, de l’Allemagne que de l’Italie. Internationalisme à l’honneur, donc, et heureusement : nous avons tant à apprendre des combats menés par des pays qui, parfois depuis longtemps déjà, connaissent le vrai prix de l’eau.

Le village de l’eau était le premier acte étendu de la mobilisation, et probablement son plus bel accomplissement : sur le terrain, prêté par la commune de Melle, ont concomitamment poussé des chapiteaux, des stands, des Infos Kiosque, une grande scène de concert, une bambinerie, et une méga-cuisine précédée de sa méga-cantine. Des îlots de toilettes sèches se succédaient et des hordes de bénévoles rendaient possible et fluide l’utilisation de ces lieux essentiels. Le village a illustré la nécessité de nous retrouver, et de non seulement vivre ensemble, mais exister ensemble. Le village a en effet reposé les impératifs du collectif – et ses implications (respect des autres et de l’écosystème, de notre voisine de tente autant que des loutres). Comme il est agréable, reposant, motivant de participer à des expériences d’auto-gestion et d’organisation collective alors que le contexte politique actuel, est si tendu, imprévisible et qu’un dialogue constructif parait impossible.

Ce village est un lieu idéal pour reposer les questions et prendre le temps de clarifier les enjeux, les revendications politiques.

Dans ce contexte difficile, une entente entre les populations et les agriculteur.ices serait au-delà du bienvenue. La guerre de l’eau ravive des tensions entre les humain.es, tandis que le climat entraîne de nouvelles complications agronomiques – injustement traitées par nos gouvernants.

Hélas, le dialogue entre les professionnel.les est difficile, souvent rendu impossible. Pourtant, face aux conséquences climatiques il semble primordial de restructurer ensemble les paysages agricoles. La guerre de l’eau a soulevé un problème majeur, symptomatique de nos sociétés et des désaccords qui la composent.

Différents réseaux agricoles semblent aujourd’hui irréconciliables. Les agriculteur.ices syndiqué.es à la FNSEA, aux Jeunes Agriculteurs et à la Coordination Rurale s’opposent à la Confédération paysanne, comme par habitude d’opposition. Parfois pourtant, les mots sont les mêmes, les idées identiques. Les déserts ruraux, par exemple, rassemblent et fédèrent leurs mécontentements. Seulement, avec l’explosion des modèles de grandes cultures qui écrasent les systèmes de polycultures élevages, l’agrandissement des exploitations entraîne la désertification des campagnes.

 

Les économies agricoles altèrent la capacité des agriculteurs de ces déserts ruraux à se projeter vers des modèles de production et d’exploitation résilients.

Le combat pour l’eau vive implique des changements de paradigme agricole. Bio Consom’acteurs et les parties prenantes de l’agriculture biologique continueront de se battre pour la solidarité, pour la justice et pour le partage des biens communs.

Les débats politiques en France et en Europe pourraient-ils montrer ce changement de paradigme ? Le Nouveau Front Populaire propose de nouveaux moyens alloués aux agriculteur.ices pour s’adapter aux dérèglements climatiques. Certain.es de ses élu.es militent pour un accès à l’alimentation biologique et à l’exercice d‘une agriculture biologique, contre la privatisation de l’eau, pour une juste rémunération des paysan.nes, pour un accompagnement à la transition agricole dans le sens d’une agriculture saine et durable.

Quitte à ce que les cartes aient été rebattues, il s’agirait maintenant de les lire. Retrouvez nos suggestions au-dessus.

 

>> Notre article sur les mégabassines : https://www.bioconsomacteurs.org/bio/dossiers/agriculture-alimentation-sante-ecoproduit-environnement-ogm-restauration-collective-4

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