Le temps d’un congé maternité, Charlotte remplace Marion Doré au poste de chargée de mission pédagogie et sensibilisation. Elle nous en dit plus sur sa vision de la consommation responsable.
Qu’est-ce que la consommation responsable selon toi ?
Quand je pense à consommation responsable, je pense à une consommation qui n’est pas « déconnectée de son impact ». Une consommation qu‘on se réapproprie et qu‘on questionne : qui a produit ce que je mange, ce que je porte ? Dans quelles conditions de travail, quelles pratiques environnementales… ?
C’est une notion qui est liée à la quantité également. « Consommer moins, mais mieux », par opposition aux injonctions permanentes : croissance à tout prix, publicité partout. La surproduction générée pour répondre à la demande massive tire sur la corde :
• sur l’humain (cadences imposées aux travailleurs-euses d’Amazon, dans les usines textiles…)
• sur le plan environnemental (empreinte carbone, pollution, gaspillage et production de déchets).
Pour moi, la consommation responsable représente la marge de manœuvre, le rapport de force que j’ai en tant qu’individu. La démarche est politique et elle doit être complémentaire de mobilisations collectives.
Comment devient-on un consom’acteur ? Raconte-nous ton histoire…
Le changement de ma consommation s’est fait à travers une succession de prises de conscience. Il a fallu déconstruire pas mal d’idées reçues, d’habitudes de consommation effectuées sans y penser. Sur le plan alimentaire, ce sont des expériences professionnelles dans le secteur agricole qui m’ont permis de mieux connaître la réalité des producteurs-rices. Peu à peu, en travaillant, j’ai eu les moyens mettre un peu plus de budget dans mes achats, dans mon alimentation en particulier.
Concrètement, qu’est-ce qui a changé dans ta vie au quotidien ?
Je dépense moins et différemment : sur le plan matériel, j’ai aujourd’hui tout ce dont j’ai besoin.
J’essaye de consommer mieux :
• Je consomme de plus en plus rarement des produits d’origine animale (viande, poisson, fromage) et très peu de produits transformés, ce qui me permet par ailleurs de mieux maîtriser mon budget.
• Je cuisine différemment : légumineuses, épices, fruits et légumes de saison sont la base de mon alimentation.
• Dans un mode de vie pressé, j’essaye de mieux m’organiser : prendre le temps pour les courses mais aussi pour la préparation. Sauf exception, je prépare mes repas à l’avance pour la pause-déjeuner…
• J’effectue de moins en moins d’achats en général, et privilégie la seconde main.
• Je boycotte des modèles tels qu’Amazon, Deliveroo, Uber, Frichti… qui façonnent un avenir peu radieux, tant sur le plan environnemental que sur le droit du travail.
• J’étends la réflexion à tous les volets de la vie quotidienne : alimentation, équipement, transports (privilégier train et covoiturage), tourisme.
Pourquoi as-tu choisi de postuler pour devenir chargée de pédagogie et sensibilisation chez Bio Consom’acteurs ?
J’ai un intérêt pour le mandat de Bio Consom’acteurs évidemment, et pour le poste lui-même. Précédemment, je travaillais dans une association d’éducation populaire, alors la mission pédagogie et sensibilisation m’a vraiment parlé !
Entre-temps, le confinement et ses conséquences ont mis en suspens les activités d’animation de l’association, mais le travail se poursuit sous une autre forme : travail autour d’une campagne de sensibilisation (L’Addition, pilotée par Fair(e) un monde équitable), création d’un jeu pour éduquer au commerce équitable (main dans main avec la Fédération Artisans du monde).
Quels conseils donnerais-tu à un novice qui veut se lancer dans la consommation responsable ?
Dans un premier temps, c’est important de s’informer, pour mieux comprendre le système. Puis je conseillerais d’y aller pas à pas, chacun-e en fonction de sa réalité : ses moyens économiques, son mode de vie, son engagement… Un changement en entraîne un autre, et petit à petit de nouvelles habitudes deviennent un mode de vie.