BRUXELLES – Les gouvernements européens se sont entendus mardi sur une norme commune pour faciliter le contrôle de la présence d’OGM dans les cargaisons de céréales, plantes et végétaux importées dans l’UE, dénoncée par les écologistes comme une « porte ouverte à la contamination ».
L’accord fixe à 0,1% (« zéro technique ») le seuil de contamination par des OGM toléré dans les cargaisons, et impose que l’OGM décelé soit déjà commercialisé dans un pays tiers et/ou qu’une demande d’autorisation soit en cours d’examen dans l’UE, a indiqué la Commission européenne dans un communiqué.
La France exigeait que l’AESA (agence européenne pour la sécurité des aliments) se soit déjà prononcée de manière positive sur l’OGM qui a contaminé la cargaison pour accepter qu’elle soit déchargée.
La proposition initiale de la Commission prévoyait que si l’OGM décelé dans une cargaison n’était pas commercialisé, un avis serait demandé à l’AESA.
Le Parlement européen doit se prononcer sur cet accord et le conseil des ministres de l’UE doit encore l’avaliser formellement. Si aucune opposition n’est exprimée dans les trois prochains mois, la mesure sera adoptée, souligne la Commission.
L’enjeu est considérable. L’Union européenne a importé 4 millions de tonnes de maïs et 33 millions de tonnes de soja ou équivalent destinés essentiellement à l’alimentation animale sur la saison 2008-2009.
Or les règles européennes actuellement en vigueur stipulaient que si les contrôles des cargaisons montraient des traces d’une contamination par un OGM non autorisé dans l’UE, elle était refoulée.
Greenpeace a dénoncé cet accord qui « met fin au principe de tolérance zéro et ouvre la porte à la contamination de la chaîne alimentaire en Europe ».
« L’Europe importe d’énormes quantités d’aliments pour animaux provenant des Etats-Unis, du Brésil et d’Argentine où sont cultivés 80% des semences OGM dans le monde, a souligné l’organisation.
La représentante américaine adjointe au Commerce, Miriam Sapiro, s’était impliquée dans le débat lors d’une visite à Bruxelles le 10 février et avait exhorté les Européens à s’ouvrir aux OGM.
« Les gouvernements européens ont cédé aux pressions des Etats-Unis. Le danger, maintenant, est que le lobby pro-OGM va chercher à faire autoriser une contamination dans des produits destinés à l’alimentation humaine », a accusé Greenpeace.
AFP / 22 février 2011