Selon Inf’OGM, plusieurs pays non européens remettent en question l’importation, la culture et les essais en plein champ des plantes génétiquement modifiées.
En Inde, six scientifiques recommandent un moratoire de dix ans sur les essais en plein champ des plantes génétiquement modifiés, d’après Inf’OGM. « Les essais en champs doivent être arrêtés », lit-on dans l’avis. Rendu public le 17 octobre 2012, cet avis été demandé au printemps dernier par la cour suprême de l’Union indienne. Conditions auxquelles les essais en champ pourront être repris: la création d’un comité d’experts qui établira la biosécurité des plantes génétiquement modifiées ; la fin des conflits d’intérêts au sein des institutions d’évaluation des OGM ; l’obligation de réaliser des études de toxicité à long terme et multigénérationnelles sur des animaux ; enfin, l’établissement d’une liste des sites où pourront se dérouler les essais, en-dehors des cultures conventionnelles. En Inde, quasiment la totalité du coton cultivé est génétiquement modifié. Les auteurs du rapport pointent l’absence d’étude faite sur les conséquences de la diffusion de ce coton Bt, notamment quels sont les bénéficiaires de cette biotechnologie. Pas les paysans en tout cas, vu le taux de suicides important ces dernières années, en grande partie dû à leur dépendance vis-à-vis des semenciers. Inf’OGM rapporte d’ailleurs qu’un rapport parlementaire indien, sorti l’été dernier, concluait que le gouvernement devait « diligenter une enquête sur l’autorisation donnée pour ce coton Bt, et sur l’évaluation faite de l’aubergine Bt ».
Outre-Atlantique, au Pérou, un moratoire de dix ans a été pris sur les cultures d’OGM, par un décret du 13 novembre dernier, toujours selon Inf’OGM. Les importations d’organismes transgéniques seraient par contre autorisées pour l’alimentation humaine et animale, après avoir été sujets à des analyses de risques.
Au Kenya, le gouvernement aurait annoncé vouloir interdire les importations de plantes génétiquement modifiées, d’après le site citizennews.ke. Et ce « jusqu’à ce que le pays puisse certifier que les PGM n’ont pas d’impacts négatifs sur la santé humaine ». Selon Inf’OGM, si une telle interdiction venait à être mise en œuvre, elle aurait peu de chances d’être appliquée. « Nos capacités de contrôle d’entrée des OGM sur notre territoire sont quasi nulles », déclarait à Inf’OGM Allois Kullaya, chargé de recherche sur les PGM à l’institut de recherche agronomique Mikocheni de Tanzanie, en octobre 2011.
L’Union africaine voit par ailleurs plus de 400 organisations africaines de petits paysans, mouvements sociaux, producteurs bio, consommateurs, etc. lui demander d’interdire les cultures et importations d’OGM sur le continent. Ces organisations rappellent, entre autres, l’incertitude des OGM concernant la sécurité alimentaire. Elles réclament le respect du principe de précaution, se référant à l’étude de Gilles-Eric Séralini, publiée en septembre 2012 dans la revue Food and chemical toxicology. Si les importations d’aliments génétiquement modifiées ont lieu aujourd’hui sur tout le continent africain, seule l’Afrique du Sud en cultive.
L’Union européenne, en revanche, ne remet pas en question son dispositif d’évaluation des plantes génétiquement modifiées avant mise sur le marché. Dispositif pourtant controversé, notamment depuis que l’étude Séralini a mis en lumière ses lacunes : pas d’obligation d’étude de toxicologie, études de 90 jours fournies par les pétitionnaires eux-mêmes, pas d’étude de puissance statistique de ces études, principe d’équivalence en substance scientifiquement non fondé, conflits d’intérêt au sein de l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Actuellement, aucune plante génétiquement modifiée n’est cultivée en France. Mais la moitié des protéines consommées par nos animaux d’élevage sont importées d’Amérique du Sud, où le soja OGM est roi.