Les OGM reculent-ils vraiment en Europe ?

 

La culture d’OGM perd du terrain en Europe. Ainsi, en 2010, moins de 0,06% de l’ensemble des champs européens étaient des cultures de plantes génétiquement modifiées, soit une chute de 23% par rapport à 2008. Voilà les conclusions d’un rapport des Amis de la Terre intitulé Qui tire profit des plantes génétiquement modifiées ? publié mardi.
Actuellement, seulement deux OGM sont cultivés en Europe : le maïs MON 810 du géant américain Monsanto et la pomme de terre Amflora de l’allemand Basf, autorisée en mars dernier. Selon les comptages de l’ONG, effectués à partir de chiffres officiels, ces deux types de culture couvraient l’an dernier 82 254 hectares, contre 106 739 hectares en 2008 dans les huit pays de l’Union européenne autorisant ces plantations – l’Espagne (80% de la culture OGM), le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la Suède et l’Allemagne.
 
Alors, comment expliquer ce recul ? Il y a certes les interdictions de la culture du MON 810 par sept pays européens – France, Allemagne, Hongrie, Luxembourg, Grèce, Autriche, Bulgarie. Mais ce moratoire est antérieur à 2008 et le ralliement de la Bulgarie en février ne change pas la donne puisque ce pays ne cultivait déjà pas d’OGM.
 
Si les surfaces cultivées sont en baisse, c’est en réalité en raison de la pression croissante de l’opinion publique. Ainsi, selon le sondage Eurobaromètre publié en octobre 2010 par la Commission européenne, l’opposition des populations de l’Union à ces produits a atteint 61%. “Une partie de l’abandon de la culture du maïs transgénique s’explique par le refus des Européens d’en consommer”, explique Christophe Noisette, de l’association Inf’OGM. Autre cause : le manque de nouvelles variétés. “Les agriculteurs ne sont plus intéressés par acheter des variétés plus chères et pas forcément plus performantes que les non transgéniques”, ajoute-t-il.
 
Mais voilà, les OGM sont néanmoins toujours très présents en Europe. Car s’ils cultivent moins de plantes génétiquement modifiées sur leur sol, les Etats membres en importent toujours autant de l’étranger, en très grande partie pour l’alimentation animale. Une quarantaine de plantes disposent ainsi d’autorisation de mise sur le marché. En 2010, six nouveaux maïs ont par exemple été autorisés en France et cinq en 2009.
 
Et même si ces plantes sont cultivées à l’étranger, le risque de contamination reste bel et bien présent. “Chaque année, l’Europe importe près de 40 millions de tonnes de soja et la France 4,5 millions de tonnes, dont plus de la moitié sont génétiquement modifiées. On s’expose naturellement à la contamination des champs pendant le transport. Sans compter que l’on retrouve ces OGM dans la viande, le lait ou encore les œufs”, déplore Michel David, secrétaire national de la Confédération paysanne.
 
Pour ces organisations, l’urgence est donc de réduire l’importation européenne d’OGM. “Il faut mettre en place un plan, sur cinq ou dix ans, pour sortir de notre dépendance au soja transgénique”, préconise Christophe Noisette. “Cela passe par exemple par une augmentation des surfaces de culture de soja ou d’autres protéines non transgéniques et une diminution de l’élevage, pour le rendre en adéquation avec les surfaces agricoles dont disposent les pays européens, précise Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace. C’est la seule façon de rendre notre agriculture autosuffisante et sans danger pour la santé comme pour l’environnement.”
 
Crédit photo : AFP

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