Le RAC passe à la loupe les candidats sur le climat

Le Réseau Action Climat-France (RAC) fédère 26 associations nationales et 10 associations locales autour de la lutte contre le changement climatique. Il a été créé dans le but d’inciter les gouvernements et les citoyens à prendre des mesures pour limiter l’impact des activités humaines sur le climat.

A l’occasion des élections présidentielles, le RAC passe au crible les programmes des candidats sur le climat. Retrouvez le rapport complet ici.

Transports, Agriculture, Logements, Énergie, International, Industrie, Finances Publiques : chaque candidature est analysée et se voit octroyer une notation.

Les programmes sont analysés en lien avec la décarbonation de l’industrie, les objectifs nationaux de baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, les enjeux agricoles, la rénovation énergétique des bâtiments,  la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la diplomatie climatique, le verissement du budget de l’état ou encore les propositions sur les finances publique.

Nous reprendrons ici uniquement l’analyse sur les propositions liées à l’agriculture et l’alimentation :

  • En rouge et largement jugés incompatibles avec les points cités, on retrouve les programmes de Marine Lepen, d’Eric Zemmour et de Valérie Pécresse

Le Réseau Action Climat rappelle que la solidarité internationale doit être le fondement de toute politique efficace de lutte contre le changement climatique. Sur l’agriculture et l’alimentation, aucun des candidats cités ne propose de moyens permettant d’accelerer la transition écologique de l’agriculture.

le Réseau Action Climat déplore la focalisation des candidats sur les enjeux de compétitivité et de préférence nationale, au détriment et souvent en contradiction avec les enjeux cruciaux pour la durabilité du secteur agricole français. Si les mesures visant à améliorer la rémunération et l’installation des agriculteurs vont dans le bon sens, l’engagement de la candidate du RN à lutter contre la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette”, pourtant indispensable à la transition agroécologique, est catastrophique. Son hostilité à une plus forte réglementation des produits phytosanitaires et sa proposition en faveur du stockage de l’eau dans les zones aux ressources limitées vont aussi à contre-sens de la nécessité de transformer le modèle agricole conventionnel pour le rendre plus durable et résilient. En outre, ni la transition de l’élevage, ni la réduction des engrais de synthèse ne sont traités par la candidate, et aucune mesure visant à protéger les pays tiers des déstabilisations suscitées par les exportations massives de produits français n’est évoquée. Enfin, la préférence nationale dans la restauration collective ne répond à aucun enjeu lié à l’accès de toutes et tous à une alimentation durable et de qualité : elle vise à proposer plus de produits français, sans objectif de servir plus de produits biologiques ou une alimentation moins carnée aux convives.

  • Juste derrière et classé également en rouge sur l’ensemble des critères, on retrouve Emmanuel Macron, dont le programme est jugé inefficace face aux enjeux. 

Emmanuel Macron réduit ses ambitions pour l’agriculture et l’alimentation à quatre propositions, sans le moindre rapport avec les enjeux de transition agroécologique, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’accès à une alimentation saine et durable pour toutes et tous.

Malgré l’urgence d’enclencher la transition écologique de l’agriculture française et de garantir l’accès à une alimentation saine et durable à toutes et tous, Emmanuel Macron réalise l’exploit de ne faire aucune proposition sur ces sujets. Rien sur le soutien à l’agriculture biologique et la préservation du foncier agricole, rien sur la sortie des élevages industriels et le soutien aux élevages plus durables. Pire, sa remise en question de la stratégie “De la Ferme à la Fourchette” de la Commission européenne risque de faire perdurer davantage encore le modèle d’agriculture industrielle en place, et donc la dégradation des écosystèmes, de la santé publique et des conditions de travail des agriculteurs. Le candidat sortant est également muet sur l’enjeu pourtant essentiel de la réduction de la consommation de viande et de la végétalisation des régimes alimentaires, et ne propose rien pour lutter contre la précarité alimentaire malgré sa tendance à la hausse ces dernières années. Emmanuel Macron n’évoque enfin pas ses intentions en ce qui concerne la place des produits agricoles et alimentaires dans les échanges internationaux, malgré la nécessité de mettre fin à la logique de concurrence déloyale qui détruit les paysanneries et l’environnement en France comme dans les pays du Sud.

  • Un peu mieux notés, mais teintés exclusiement de jaune et de rouge, Anne hidalgo et Fabien Roussel.

Anne Hidalgo axe son programme sur l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable. Sur le volet agricole, si son programme fixe des objectifs pertinents (lutte contre l’artificialisation des sols, sortie des engrais de synthèse, développement de l’agriculture biologique), ses propositions manquent globalement de précisions et l’enjeu majeur de la sortie des élevages industriels est absent de son programme.

Le programme de la candidate PS contient des propositions pertinentes visant à lutter contre la précarité alimentaire et à renforcer l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable. Il ne reprend néanmoins pas les recommandations du Réseau Action Climat visant à augmenter la part de bio et à proposer davantage de menus végétariens dans la restauration collective, limitant ses engagements dans ce secteur à la généralisation de la tarification sociale. Sur les sujets les plus structurants dans la lutte contre le changement climatique, les propositions sont peu précises voire inexistantes : rien n’est proposé pour sortir des élevages industriels et on trouve très peu de choses pour accompagner la transition vers des élevages durables. Il n’y a pas de critère de durabilité pour limiter les importations, et rien sur l’enjeu de ne pas déstabiliser les marchés des pays tiers avec nos exportations de denrées agricoles fortement subventionnées. Il n’y a pas non plus de mesures précises pour sortir de la dépendance envers les engrais azotés. En revanche, les propositions sont assez fouillées pour soutenir l’agriculture biologique et lutter contre l’artificialisation des terres agricoles.

Le programme de Fabien Roussel pour la transition agroécologique et l’amélioration de l’alimentation des Français va dans le bon sens mais est incomplet et manque de précisions.

Les mesures proposées par Fabien Roussel pour promouvoir la transition agroécologique vont dans le bon sens mais sont incomplètes et parfois imprécises, en particulier sur la transition de l’élevage industriel vers des élevages plus durables. Sur le volet alimentation, si le repas bio et local à un euro dans les cantines scolaires doit être salué, le Réseau Action Climat déplore que rien ne soit proposé dans le reste de la restauration collective, et que l’introduction de davantage de menus végétariens pour favoriser une alimentation moins carnée soit absente. Ses propositions sur l’international, en particulier son ambition de négocier des accords internationaux favorables au développement de systèmes agricoles écologiques et équitables au Nord comme au Sud, est par ailleurs à saluer.

 

  • Jean Luc Mélenchon et Yannick Jadot caracolent en tête.

Le candidat écologiste propose un programme complet et précis dont la vocation est de rémunérer dignement les agriculteurs, d’accélérer la transition agroécologique et de promouvoir une alimentation plus saine et plus durable. Les propositions du candidat correspondent aux priorités du Réseau Action Climat et sont déclinées en mesures ambitieuses et souvent chiffrées. Les propositions sur la restauration collective publique vont au-delà sur le bio et local, et l’extension progressive à la restauration collective privée est à saluer. Si les menus végétariens ne sont pas abordés, le programme fixe néanmoins l’objectif de rendre l’alimentation moins carnée. La transition vers l’élevage durable est bien abordée, avec des mesures précises et concrètes pour la sortie des élevages industriels. Des mesures un peu plus précises auraient pu être développées pour le soutien aux élevages durables. Le programme est suffisamment précis sur la protection des sols et la révision des règles commerciales appliquées aux denrées agricoles et alimentaires, et particulièrement ambitieux sur la sortie des engrais azotés de synthèse. Yannick Jadot est également le seul candidat à proposer le remboursement des aides de la PAC en cas d’exportation de la production, une mesure saluée par le Réseau Action Climat étant donné les graves impacts socioéconomiques et environnementaux que peuvent avoir ces exportations.

Jean-Luc Mélenchon propose un ensemble de mesures complet sur les sujets d’agriculture et d’alimentation, visant à rémunérer dignement les agriculteurs, à accélérer la transition agroécologique et à promouvoir une alimentation moins carnée, plus saine et plus durable.

Le programme de Jean-Luc Mélenchon est compatible avec les différentes propositions du Réseau Action Climat, va plus loin sur certains points et est particulièrement précis dans les moyens à mettre en œuvre. En matière de restauration collective, il va au-delà des propositions du Réseau Action Climat avec l’ambition d’atteindre 100 % de bio et local et la gratuité des cantines scolaires. Il propose des mesures nombreuses, précises et ambitieuses pour sortir des élevages industriels et pour accompagner les éleveurs à la transition. Notons en outre qu’il est le seul candidat à proposer un objectif de réduction de 50 % de la consommation moyenne de protéines animales. En matière de diminution des engrais azotés de synthèse, il va plus loin en proposant l’adoption d’un objectif contraignant d’une France 100 % Bio en 2050. Son programme est également complet et équilibré sur le plan international, puisqu’il est question de promouvoir la souveraineté alimentaire de la France sans compromettre celle des pays tiers. 

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