Depuis les années 50, les pesticides sont utilisés par l’agriculture dite « conventionnelle ». Les « pesticides de synthèse » sont très utilisés en France que ce soit dans l’agriculture, l’entretien des espaces verts, chez les particuliers ou même à la maison.
Fort heureusement, ces derniers usages sont aujourd’hui limités, notamment grâce à la Loi Labbé : depuis le 1er janvier 2017, les collectivités territoriales, les établissements publics et l’Etat ne peuvent plus utiliser ou faire utiliser des produits phytosanitaires de synthèse pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles ou ouverts au public. Et depuis janvier 2019, les quelques 20 millions de jardiniers amateurs sont également directement concernés.
Contrairement à une idée répandue, l’utilisation des pesticides de synthèse en agriculture n’a jamais été aussi importante et la tendance ne s’inverse pas.
Ces pesticides ont pour fonction de tuer les organismes dits « nuisibles » comme des champignons (fongicides), des insectes (insecticides) ou des herbes (herbicides)…
Ils peuvent être utilisés à titre préventif comme à titre curatif. Par exemple la pomme de terre reçoit 35 traitements (hors semence) en moyenne avant d’être consommée. La fraise reçoit en moyenne 8 pesticides pour « éviter les pertes ». Même lavée, elle contient des résidus de ces pesticides.
Les conséquences de cette utilisation sont nombreuses : effondrement de la biodiversité, pollution de l’eau, de l’air et des sols.
Notre alimentation, l’air que nous respirons, même l’eau que nous buvons sont de fait directement impactés par la présence de pesticides.
Les effets, même de faibles quantités de ces toxiques, en mélange et/ou sur de longues périodes peuvent poser aussi de graves problèmes sanitaires : leucémies et cancers chez l’enfant, troubles neurologiques ou du comportement (Parkinson, Alzheimer, autisme…), du développement (malformations congénitales, puberté précoce…), certaines cancers, troubles de la fertilité ou de la reproduction… De nombreuses études scientifiques en attestent aujourd’hui. La recherche médicale française elle-même s’en inquiète.
Les pesticides de synthèse sont également des « perturbateurs endocriniens » qui mettent à mal nos hormones. Les conséquences sur l’organisme, sur les enfants, sur les femmes enceintes notamment de « l’effet cocktail » (à savoir le cumul d’un ensemble de résidus absorbés dans l’air et notre alimentation) est également peu connu.
Ici encore, les populations les plus touchées sont souvent les plus précaires, pour qui l’accès à une alimentation de qualité est souvent plus difficile. Au scandale sanitaire s’ajoute l’injustice sociale.
L’effondrement de la biodiversité a également des effets sur notre santé et pourrait en avoir de bien plus dramatiques à moyen et long terme. La disparition progressive des pollinisateurs par exemple, pourrait nous amener à revoir totalement nos modes de production et nécessiterait de dépenser des milliards pour les remplacer, pour subvenir à nos besoins les plus élémentaires : nous nourrir.
Pourtant des solutions existent. L’agriculture biologique interdit tout usage de pesticide de synthèse. Elle est meilleure pour notre santé et pour celle de la biodiversité. Les études ont montré que lorsque des enfants se mettent à manger bio, en quelques jours, la teneur de l’urine en métabolites de pesticides est diminuée de 70 %1.
Si l’agriculture biologique ne peut utiliser des pesticides de synthèse, elle peut utiliser des « pesticides naturels ». Il y a beaucoup moins de sorte de pesticides bio et les tonnages sont sans égal comparés aux pesticides de synthèse. En outre, les pesticides homologués en agriculture biologique sont beaucoup moins nocifs et persistants dans l’environnement que les pesticides chimiques de synthèse. L’agriculture bio va avant tout privilégier le préventif, plutôt que le curatif : l’équilibre des systèmes agronomiques – rotation, utilisation de variétés résistantes, renforcement des plantes par un sol riche.
Cette question est tirée du livret « La Bio en Questions », retrouvez le livret en intégralité ici.
Sources :
1. Environmental Research, octobre 2020. «Organic diet intervention significantly reduces urinary glyphosate levels in U.S. children and adults»