L’UE remet à plus tard l’interdiction de 3 pesticides tueurs d’abeilles

Les Etats membres de l’Union ont échoué à s’accorder sur l’interdiction de trois insecticides utilisés en enrobage des semences. Or, ces pesticides ont des impacts négatifs sur la survie des colonies d’abeilles.
 
La semaine pour les alternatives aux pesticides a commencé le 20 mars. L’Europe lance un plan d’inaction pour les abeilles pour l’occasion, semble-t-il. Le 15 mars, les 27 Etats ont échoué à s’accorder sur l’interdiction de trois insecticides néonicotinoïdes. Un moratoire de deux ans sur les cultures de colza, tournesol, maïs et coton avait été proposé par la Commission européenne le 31 janvier dernier, suite à un avis de l’agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) publié le 16 janvier. Dans celui-ci, l’Efsa rendait des  «conclusions inquiétantes» quant aux conséquences des trois substances actives (imidaclopride, thiaméthoxame et clothianidine) sur les pollinisatrices.

Inacceptables : c’est ainsi que l’Efsa avait jugé les risques que ces pesticides, tels qu’utilisés actuellement et depuis les années 1990, font peser sur les abeilles. L’agence a souligné que celles-ci y étaient exposées par trois moyens : par contact avec les poussières émanant des semences enrobées de pesticides ; par la consommation du nectar et du pollen des fleurs ; et par l’absorption de l’eau exsudée par la plante, laquelle contient des résidus de molécules chimiques.

Depuis les années 2000, plusieurs publications convergent sur le fait que les néonicotinoïdes, même à faible dose, perturbent le système nerveux des abeilles. Des études parues en mars 2012 dans Science montrent que des abeilles et bourdons exposés aux néonicotinoïdes étaient désorientés et n’arrivaient plus à retrouver leur ruche. Laquelle finissait par s’effondrer, au fur et à mesure que les pollinisateurs se perdaient en chemin. Une autre étude parue le 7 février 2013 dans Journal of experimental biology, fait état de son côté des effets nocifs sur les abeilles de pesticides combinés entre eux, plus que pris séparément. En l’occurrence, la chercheuse Geraldine Wright conclut, dans une interview pour le National Geographic, que ce sont les mécanismes d’apprentissage et de mémorisation (des gestes de communication avec les congénères, des chemins, des odeurs…) qui étaient fortement impactés.

Tout cela n’est évidemment pas pris en compte dans les tests ayant conduit aux autorisations de mise sur le marché des néonicotinoïdes. L’Efsa parle dans son avis de janvier de «données lacunaires». Par exemple, aucun des dossiers présentés par les fabricants de ces insecticides ne s’intéresse sérieusement à leur impact sur les pollinisateurs autres que les abeilles domestiques : les mouches, bourdons, scarabées, etc.. Pourtant, il y a quelques semaines, une étude internationale portée par une université canadienne a mis en évidence que les insectes sauvages étaient plus efficaces pour polliniser les cultures, que les abeilles domestiques. «Une forte abondance d’abeilles domestiques amène un complément, mais ne se substitue pas à la pollinisation par les insectes sauvages», lit-on sur dans le résumé de cette étude. Rappelons que c’est grâce aux pollinisateurs, domestiques et sauvages confondus, que nous produisons un tiers de notre nourriture. Ne pas s’intéresser aux effets des pesticides sur tous les pollinisateurs est donc plus qu’un non-sens. C’est un comportement irresponsable.

Les trois néonicoinoïdes se trouvent sous les noms de Gaucho (interdit en France depuis 10 ans), Poncho, Nuprid, Argento, etc. L’Hexagone a interdit le Cruiser (thiaméthoxame) sur les semences de colza en juillet 2012, mais pas sur celles de maïs. Or, pour cette dernière culture, l’Efsa a identifié des risques par voies de guttation et de contact avec les poussières. Stéphane Le Foll a prôné l’agroécologie en décembre 2012. Qu’il traduise ses paroles en actes et fasse interdire tous les néonicotinoïdes dans nos champs (les trois cités par l’Efsa compris). La balle est dans son camp, comme l’avenir de notre alimentation.

Cliquez ici pour voir les événements  pour la semaine pour les alternatives aux pesticides (à laquelle Bio Consom’acteurs se joint) qui se passent du côté de chez vous ! Informez votre entourage, les décideurs et le grand public qu’un monde sans pesticides existe.
 

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