Huile de palme : des feux de forêt là-bas, notre choix de consommateur ici

Depuis juillet, des milliers de feux de forêts ravagent les îles indonésiennes de Sumatra et Kalimantan. Dioxyde de carbone relâché par tonnes. Infections respiratoires pour des centaines de milliers d’Indonésiens qui n’ont que des masques en tissu pour se protéger. Les autres animaux, eux, tentent de fuir.

Ces feux étaient volontaires. Mais leurs auteurs en ont perdu le contrôle, avec le passage du courant chaud El Niño et la sécheresse qui s’en est suivie. Ils sont un outil de l’agriculture sur brûlis. Et servent l’un des moteurs les plus puissants de la croissance économique indonésienne : la monoculture du palmier à huile.

L’huile de palme est l’huile la moins chère au monde. Sa texture crémeuse et son goût neutre en font un liant parfait. Pour nos biscuits. Chips. Plats préparés, pâtes à tartiner. Carburants et cosmétiques. Même bio.

Bonne nouvelle : ces incendies criminels ne sont pas une fatalité. L’huile apparaît clairement dans les listes d’ingrédients de nos produits depuis 2014. Regardons les étiquettes…

Il existe une huile de palme certifiée RSPO (table ronde pour l’huile de palme durable). Encore rare, cette certification découle d’une démarche de construction d’une filière d’huile de palme non issue de la déforestation. Autour de la table, des ONG comme WWF et de grosses multinationales comme Unilever. Cette certification témoigne d’une réelle prise de conscience. Mais dire que la construction d’une filière soutenable, au mécanisme de contrôle parfaitement transparent, prendra du temps, est un euphémisme.

Quant au bio certifié, il assure certes que la culture des palmiers à huile n’a pas utilisé de pesticides. Mais comme tout n’est pas parfait voici deux choses à savoir:
1)    Le règlement bio européen n’impose pas clairement l’absence de déforestation comme critère de labellisation.
2)    Il n’impose pas non plus la mention de la provenance de l’huile de palme.

Ainsi, même bio et même certifée RSPO, l’huile de palme peut, en pratique, être cultivée dans des pays dans lesquels la corruption est généralisée et/ou des actes mafieux sont régulièrement mis à jour par les medias (Colombie ou Madagascar, entre autres). En tant que consommateur, il reste donc difficile de se faire une idée fiable des conditions dans lesquelles cette huile a été produite, en tout cas en termes d’impact sur les populations locales et sur la forêt et la biodiversité.

Il nous faut donc choisir : le goût neutre et la texture crémeuse d’une pâte à tartiner qui contient un ingrédient produit peut-être sur le dos de la forêt. Ou choisir le goût plus prononcé d’une huile comme celle de tournesol qui, en bio et local, provient sans nul doute de filières non liées à la coupe de forêts primaires. Sans oublier la voie du milieu : s’offrir de temps en temps des produits à l’huile de palme bio RSPO, pour le goût ou la texture…en acceptant les possibles conséquences.
 

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