Bio Consom’acteurs a eu le plaisir de voir plusieurs dizaines de personnes assister à la conférence « Les politiques publiques de l’alimentation : vers un modèle intensif ou une agriculture durable ? », organisée le 21 Mars dernier à 18h, à l’occasion de la Semaine pour les Alternatives aux Pesticides. Cette conférence entièrement gratuite a été l’occasion de revenir sur les dernières actualités, quelques semaines après les annonces du Salon de l’Agriculture, et les avancées du projet de loi Alimentation.
Les participants
Pour en débattre, nous avons eu le plaisir d’accueillir :
– Laure Ducos, Chargée de mission Agriculture – Greenpeace
– Sodeh Hamzehlouyan, administratrice du Réseau AMAP Île-de-France
– Jacques Godard, co-président de SOL
– Michel Vampouille, administrateur à Terre de Liens Île-de-France
– Pauline Lavoisy, Chargée de programme Biodiversité et Agriculture – Noé
La conférence a été brillamment animée par Sophie Bordères, chargée de mission « Alternatives aux pesticides » chez Générations futures.
La conférence
L’intervention de Jacques Godard
Aujourd’hui, nous voyons émerger le concept de souveraineté alimentaire. Auparavant, on parlait de « sécurité alimentaire ». Depuis 50 ans, la PAC, et les accords du commerce ont atteint un seuil critique. Il y a donc une nécessité d’agir. Le pouvoir citoyen devrait pouvoir s’informer, donner son avis, créer un conseil citoyen de l’agriculture et de l’alimentation pour ne pas se faire accaparer le pouvoir politique autour de la sécurité alimentaire via une dimension d’ordre public mondial (rentabilité économique avec la spéculation sur les produits alimentaire, effets pervers des politiques d’exportation dans les pays du Sud avec les prix bradés…).
Mais comment construire une souveraineté alimentaire ? Il faudrait sortir de la politique actuelle basée sur une forte production depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il est nécessaire de relocaliser. Il faudrait réhabiliter la notion de « culture » au sens premier du terme et donc s’engager vers une organisation des ressources naturelles pour satisfaire les besoins vitaux par la population locale. La construction d’un commerce équitable est une piste qui permettrait de faire cohabiter droits de l’homme, droits de l’environnement et droit du travail. Cela permettrait notamment de travailler en collectivité, de soutenir le travail le travail des paysans et de reconnaitre des petits agriculteurs sans qu’ils soient dépendants des grands, via le droit de vote aux élections.
L’intervention de Laure Ducos
Les Etats Généraux de l’alimentation comprennent 14 thématiques. Les ateliers regroupent 70 associations, groupes ou confédérations. Un consensus sur les enjeux et solutions sur la transition en seulement quelques jours est donc très compliqué.
Les objectifs ? Discuter d’un point de vue économique au sujet d’une alimentation saine, durable et accessible à tous. Les conclusions ont notamment été la nécessité d’une transparence de l’étiquetage, d’un effort sur le gaspillage alimentaire, etc. Mais au final, ces conclusions sont vagues, sur des sujets déjà engagés avant le mandat d’Emmanuel Macron. Dans les mesures qui seront prises, on compte 24 plans thématiques (dont la bio, la réduction des pesticides et le commerce équitable). Il y a un désengagement national français, et donc une autonomisation des filières pour la transition énergétique (filière des semences, filière des fruits et légumes, filière bovine, etc).
On peurt retenir:
– le Plan Social Plateforme (acteurs ds l’alimentation durable) pour proposer des améliorations aux projets de loi
– le Plan Environnement Sanitaire : plan sur la restauration collective (plus de bio, local, durable au sein de la restauration collective mais sans fixer de pourcentage…)
– le Plan sur la bio: pas de consultation de la FNAB pour faire un plan de filière sur la bio…
Greenpeace s’est engagé dans une grande campagne pour la réduction drastique de la production de viande et produits laitiers pour soutenir la bonne qualité et un prix juste. C’est un projet qui a pour but d’inscrire un menu végétarien dans les cantines. Il faut donc diminuer les volumes pour une meilleur qualité alimentaire. Il faut aussi et surtout changer les mentalité des enfants relative à l’alimentation La semaine du 21 mai, il faudra interpeller les députés sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, à ce sujet.
L’intervention de Sodeh Hamzehlouyan
Des acteurs de l’alimentation durable ont proposé d’ajouter le mot « diversification » au projet de loi . Le plan économique et phytosanitaire a été repoussé à dans 5 ans ! En effet, il n’y a pas de prise au sérieux des sanctions, pas de forte ambition. Il est donc nécessaire de donner un cap et une ambition claire. La PAC est un plan pensé par des technocrates rempli de jargon politique. Il faut donc informer et réexpliquer aux citoyens ce qu’il contient. La PAC aide les grandes exploitations (c’est-à-dire que plus on a d’hectares et plus on est aidé par la PAC) . Il faut faire en sorte de rediriger les aides vers les AMAP, pour des paysans qui sont essentiellement des « néo » (anciens citadins).
L’intervention de Pauline Lavoisy
Noé travaille en collaboration avec les acteurs économiques. L’enjeu aujourd’hui est d’introduire la transition économique et écologique et d’informer du rôle des industries afin de participer à la diversification des paysages, à la préservation des sols, pour permettre un développement durable des cultures et sortir du modèle de l’agro-industrie (établi depuis la la Seconde Guerre Mondiale). Il faudrait réussir à augmenter l’engagement des distributeurs.
Les solutions ? Introduire d’autres cultures (légumineuses). Mais il n’y a pas assez de garanties pour l’agriculture dans les filières conventionnelles. Il existe donc une barrière pour aller vers la transition écologique
Autre nécessité : des cahiers des charges davantage restrictifs sur les normes environnementales. Nous avons besoin de transformer le conseil agricole (ne plus se baser sur chaque culture mais sur l’ensemble). L’amélioration des compétences en agro-écologie est également essentielle. Il y a un devoir de pédagogie pour les agriculteurs qui est à développer : mettre en exergue le réel coût de l’écologie, investir sur les filières durables, etc…
Mais on ne peut pas le faire, sans trouver de nouveaux modèles économiques (mise en place de primes, instauration de prix fixe).
L’intervention de Michel Vampouille
L’enjeu aujourd’hui est de réduire la surface agricole et surtour de la diversifier.Il y a une lente prise de conscience d’agriculteurs conventionnels qui savent qu’ils vont devoir changer leur mode de culture (endettement, problème de la monoculture menacée par les accidents climatiques). Terre de Liens travaille actuellement sur un projet de loi foncier. Le foncier agricole est de plus en plus dans les mains de sociétés financières dans l’immobilier (foncier agricole français très accessible) car l’investissement y est sûr .
Il y a 10 ans, une société foncière de l’économie sociale et solidaire a été créée. Ses parts peuvent être achetées par les citoyens et permet d’installer 500 à 1000 paysans . La question du foncier agricole est intéressante : il existe une possibilité d’installer des agriculteurs bio en les sortant de la pression familiale (notamment les famille d’agriculteurs conventionnels, qui culpabilisent leur fils agriculteurs, qui pourrait se mettre au bio car cela remet en question l’éthique de leur profession).