La conférence environnementale se tiendra les 14 et 15 septembre prochains. Cinq tables rondes réunissant élus, parlementaires, collectivités locales, syndicats, employeurs et défenseurs de l’environnement, devront débattre sur les grands chantiers à lancer durant l’année. L’enjeu est de négocier la transition écologique de la France.
Biodiversité, gouvernance, fiscalité, énergie et santé environnementale. C’est autour de ces cinq tables rondes qu’argumenteront les différents collèges conviés à cette conférence annuelle. Parmi eux, 9 ONG environnementales : Ecologie sans frontière, les Amis de la Terre, le Fonds mondial pour la nature (WWF), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Greenpeace, Humanité et biodiversité, France nature environnement et la fondation Nicolas Hulot (FNH). Avec un jour et demi seulement pour faire entendre leur voix, elles ont intérêt à miser sur l’argument indispensable du moment : les économies.
Mettre les pesticides sur la table
C’est ainsi que l’exonération partielle de taxe TIPP sur les agrocarburants sera pointée du doigt avec force par Ecologie sans frontière et FNH. De même que certains grands projets d’urbanisation, tels que ceux de l’aéroport de Notre-Dame des Landes et du canal Seine Nord Europe. Rappelons que la France perd en superficie l’équivalent d’un département tous les 7 ans. Ecologie sans frontière souhaite aussi voir se concrétiser le projet de taxe sur certains aliments, dite biotaxe : «cette redevance, qui a été soulevée lors du Grenelle mais jamais mise en place, concernerait la junk food, c’est-à-dire les aliments gras, salés, sucrés, contenant des produits chimiques, etc.» explique Nadine Lauverjat, d’Ecologie sans frontière. Autre réforme défendue par plusieurs ONG : celle de l’agriculture, qui sera traitée en une demi-journée, dans le cadre de la table ronde Biodiversité. Bien que seul l’angle de la lutte contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain ait été programmé par le gouvernement, on peut espérer que les ONG demandent au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll de réaffirmer le plan Ecophyto. Celui-ci prévoit une réduction de moitié de l’usage des pesticides d’ici 2018. Objectif qui «ne pourra pas être atteint», avait déclaré M. Le Foll en juillet dernier. Les pesticides, dont la France est aujourd’hui la première consommatrice en Europe, seront aussi évoqués par les ONG lors de la table ronde Santé environnementale. Ecologie sans frontière réclamera que leur évaluation avant mise sur le marché soit faite «par les ministères de l’agriculture, de la santé et de l’environnement». Aujourd’hui, seul le ministère de l’agriculture procède à cette évaluation.
La bio, nécessaire pour une transition écologique
Autre point qui n’est pas clairement au programme mais que les défenseurs de l’environnement soulèveront lors de cette conférence, l’agriculture biologique. Celle-ci, qui devait atteindre les 6% de surface agricole utile selon les engagements du Grenelle, n’en est qu’à un peu plus de 3%. La France n’aide pas ses agriculteurs à se convertir et à se former à la bio. «Combien d’ingénieurs en agronomie biologique sortent chaque année des écoles françaises ? Zéro», fustige Dominique Marion, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), «alors qu’ils sont plusieurs centaines en Allemagne». Seulement 23 000 agriculteurs français travaillent en bio, à comparer aux 400 000 agriculteurs conventionnels. Dommage, lorsqu’on sait que la bio est un bon moyen de faire des économies. Sur la dépollution de l’eau notamment. Celle-ci coûterait plus de 54 milliards d’euros par an pour les seules eaux de surface, selon un rapport publié en 2011 par le ministère de l’Ecologie. Des coûts qui se répercutent sur les factures des citoyens. «Le gouvernement doit se donner les moyens de passer d’un système agricole coûteux à un système profitable à toute la communauté», souligne Julien Adda, de la Fnab. La Fnab, qui lance ce mois-ci sa campagne Bio et local, c’est l’idéal, ne sera pas présente à la conférence environnementale. Tandis que la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) y enverra 4 représentants. Les fédérations de chasseurs et de pêcheurs seront aussi bien présentes à cette table-ronde sur la biodiversité. Il faut donc compter sur l’unique invité de la Confédération paysanne et sur les ONG pour évoquer la bio lors de cette conférence… qui est censée lancer la transition écologique.
Electricité: des tarifs qui faussent la perspective
La transition, justement, énergétique cette fois, est le thème de la première table-ronde. Rôle du citoyen, efficacité énergétique, sobriété énergétique et énergies renouvelables devront être défendus par les organisations environnementales, notamment par le comité de liaison énergies renouvelables (Cler). Le Cler est une association promouvant l’utilisation des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. «Cette conférence est un peu celle de la dernière chance», commente Raphaël Claustre, directeur du Cler, «car aujourd’hui, la France ne prend pas la voie d’une transition énergétique». Patrick Behm, directeur la société coopérative Enercoop, fournisseur d’énergie renouvelable, renchérit : «les tarifs de l’électricité en France devraient être de 20 à 30% plus hauts que les prix actuels». Ces derniers, plus bas que dans les autres pays européens, «faussent la perspective et ne permettent pas de construire une transition».
Tous les enjeux environnementaux ne seront pas traités lors de cette courte conférence. Mais son but est autre : il s’agit pour chacun des collèges participants d’argumenter, auprès des politiques, afin de lancer les chantiers qui leur semblent prioritaires. Rendez-vous l’année prochaine pour le bilan.