A quelques semaines du Salon International de l’Agriculture, nous avons rencontré Aurélie Catallo, coordinatrice de la Plateforme pour une autre PAC. Elle nous partage sa vision de la consommation responsable et nous parle des enjeux de l’agriculture française. Bonne lecture !
Qu’est-ce que la consommation responsable selon toi ?
Il existe sans doute plein de livres qui répondent de manière rigoureuse à cette question. Mais de manière rapide, je dirais que c’est premièrement consommer selon ses besoins réels (limiter le superflu, l’accumulation, les renouvellements trop fréquents, etc.). Deuxièmement, c’est consommer au plus près : ça peut être le village voisin pour les légumes et à l’échelle de la France pour les vêtements par exemple. Enfin, consommer responsable c’est être conscient et en accord avec ce à quoi notre argent servira. Sur le sujet de l’alimentation par exemple, il me semble primordial de s’assurer qu’une part significative du prix d’achat revient bien dans la poche de paysans engagés en agroécologie.
Comment devient-on un consom’acteur ?
Je vois trois étapes pour nous mener de la consommation passive et indifférente à celle réfléchie et engagée. La première étape est celle du questionnement, de la prise de conscience quand tout d’un coup, on apprend que les tomates ça ne poussent pas normalement en hiver et que le vrai prix d’un tee-shirt n’est pas de 9,99 €. Pour moi, cette étape a été franchie pendant ma première année d’étude supérieure, dès lors que je suis devenue responsable de mes propres achats. Puis, vient l’étape de la recherche d’informations et d’alternatives. On perd sa naïveté sur le système actuel et on cherche à mieux appréhender, à en cerner les biais. C’est à cette époque là que j’ai commencé à soutenir Bio Consom’acteurs ! Enfin, sonne l’heure de la mise en adéquation de nos comportements avec nos valeurs. Etudiante, je me souviens avoir hésité de longues minutes en faisant mes courses en surpermarché entre les poires bio suremballées venues d’Argentine et les poires conventionnelles françaises. On faciliterait beaucoup la vie des citoyens en transition si on ne les confrontait pas à de tels dilemmes : on veut des poires bio et locales, donc uniquement en saison, point !
Selon toi, qu’est-ce que l’agriculture d’aujourd’hui ? Quels sont ses enjeux ?
L’agriculture française a, aujourd’hui, dans sa majorité, compris qu’elle ne pouvait plus continuer dans le modèle productiviste, mais elle est encore engluée dans le confort du statut quo. L’enjeu, c’est ni plus ni moins d’emmener toutes les fermes dans la transition agroécologique et de faire de l’agriculture paysanne le modèle de référence. Il faut être ferme face aux partisans de la coexistence des modèles, à ceux qui affirment qu’il faut répondre à tous les types de marché. Non, il n’y a pas de place pour une agriculture qui ne prend pas soin des Hommes, des animaux et des ressources naturelles. Heureusement, de nombreux paysans ont résisté ou ont déjà entamé une transition, parfois au détriment de leur intégration dans le monde agricole. Il faut absolument les valoriser, en commençant par leur donner les moyens de tirer un salaire décent de leur activité. Et plus largement, en les replaçant au centre de notre société.
Et côté pro, qu’est-ce que la Plateforme pour une autre PAC ? Qu’est-ce que tu y fais ?
Pour une autre PAC, c’est un collectif de 34 organisations françaises qui travaillent ensemble à la réforme de la Politique Agricole Commune, et dont Bio Consom’acteurs fait partie. Il réunit des organisations paysannes, des associations de solidarité internationale, d’autres qui travaillent sur l’alimentation ou la santé, des ONG environnementales et enfin, de bien-être animal. Je suis chargée de coordonner tout ce petit monde, de faciliter le travail collectif et notre reconnaissance en tant qu’acteur légitime dans les négociations pour la réforme de la PAC.
Avec les élections européennes, quel est l’enjeu de la plateforme ?
Tout d’abord c’est d’aider les citoyens à faire le lien entre ces élections et nombre d’aspects de leur vie quotidienne qu’ils ne pensent pas forcément à relier aux politiques européennes. Par exemple, je pense à l’alimentation, le dynamisme des zones rurales, la santé publique, etc. Ensuite, nous souhaitons mettre la PAC à l’agenda de la campagne et pousser les candidats comme les citoyens à s’exprimer sur le modèle agricole et alimentaire qu’ils souhaitent pour l’Union Européenne.
Alors on se dit rendez-vous au Salon International de l’Agriculture ?
Exactement, du 23 février au 3 mars, la Plateforme pour une autre PAC sera présente dans le hall 4 pour mettre en valeur les paysannes et les paysans engagés en agroécologie !
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