Les produits laitiers, nos « amis pour la vie »? A moins de n’avoir jamais vu la télévision, impossible d’être passé à côté des messages publicitaires vantant les avantages nutritionnels des yaourts, desserts et autres flans des grandes marques de produits laitiers. Or, le lait n’est pas indispensable à notre santé. En revanche, il se trouve bel et bien au coeur de la crise actuelle des éleveurs. Ce livre nous fait prendre la mesure des conséquences de nos actes de consommation, lorsqu’on ne cherche que le prix le plus bas sans se poser de question. Devenu produit de masse en quelques années, le lait se trouve aujourd’hui au coeur d’un conflit entre éleveurs d’un côté, industrie laitière et grande distribution de l’autre.
Dans le livre de Elsa Casalegno, agronome et journaliste pour La France agricole, et Karl Laske, journaliste à Mediapart, on comprend comment et pourquoi les produits laitiers bénéficient encore aujourd’hui de tant de publicité : les « amis pour la vie », c’est le fruit d’un travail de plusieurs dizaines d’années, mené avec acharnement et efficacité par les multinationales de l’agroalimentaire dans les plus hautes instances institutionnelles. Un travail qui s’est même apparenté, selon les auteurs, à un système quasi-mafieux. Les industriels du lait se mettaient d’accord entre eux, secrétement, sur les prix, les marchés, les appels d’offres, etc., ceci afin d’être toujours les grands gagnants par rapport aux producteurs et aux consommateurs.
La pression de l’agro-industrie laitière a des conséquences importantes
- Pour les éleveurs, elle se traduit par des salaires bas dus à une pression grandissante sur les prix, dictée par la grande distribution ; cette pression constante est devenue infernale depuis la fin des quotas laitiers en 2015, c’est-à-dire l’ouverture des vannes de la production sans aucune régulation.
- Pour l’environnement et les animaux, le lobbying des multinationales dessine un avenir de fermes-usines ultramécanisées, polluantes, méprisant les besoins naturels des animaux et très coûteuses pour les producteurs.
- Pour les consommateurs, qu’on soupçonne nombreux à suivre les recommandations officielles (manger 3 produits laitiers par jour), les conséquences sur la santé commencent à se voir et à s’entendre. En trop grandes quantités, le lait povoquerait des fuites de calcium de notre ossature. Le lactose (un glucide contenu dans le lait) est mal digéré par la moitié des adultes en France. Et le lait est soupçonné de favoriser beaucoup d’autres maux: problèmes de peau, diabète de type 1, voire cancers…
Puisque le lait est loin d’être la seule source de calcium (on trouve du calcium en quantités importantes dans les légumineuses, fruits secs, abricots secs, brocolis, cresson, épinard, etc.) le consommateur responsable peut s’en détourner sans craindre la carence. Le minimum étant de prêter attention à sa provenance (la vente en circuits courts bio est bien souvent la plus sûre, sinon opter pour des produits labellisés). Certes, le prix ne sera alors pas le plus bas. Mais quelle société voulons-nous?
« Les cartels du lait » de Elsa Casalegno et Karl Laske
Editions Don Quichotte