« Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme » 

De quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? Comment distinguer les besoins authentiques, réels, des besoins superflus, artificiels ? Deux questions qui prennent une dimension particulière dans le contexte d’urgence climatique. Professeur de sociologie à l’université de Bordeaux, Razmig Keucheyan nous en parle dans son nouveau livre « Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme» aux Editions Zone.

Le constat d’une aliénation créée par le consumérisme

Face à l’urgence climatique et environnementale, Razmig Keucheyan s’intéresse aux œuvres des philosophes ayant travaillé sur la question des besoins, tels que Karl Marx, André Gorz ou encore Agnès Heller.
Le système dans lequel nous vivons est capitaliste. Ce système productiviste et consumériste crée constamment de nouveaux besoins, afin découler des marchandises produites en continu. Le consommateur fait face à des besoins artificiels, et à une offre qui évolue rapidement. Ces besoins artificiels assouvis ont un impact majeur sur l’environnement, mais également sur notre propre subjectivité. 
L’auteur nous fait réfléchir à la nature de ces besoins superflus et à leurs liens avec le capitalisme, ainsi qu’à la manière dont on pourrait les combattre, ou du moins les réduire, en devenant plus sobres, et aller vers un modèle de société écologiquement et humainement soutenable.

Distinguer besoins vitaux et besoins superflus

Il catégorise les besoins : il existe des besoins artificiels, secondaires et des besoins authentiques. Ces derniers comportent les besoins vitaux comme se nourrir ou respirer mais également les besoins d’accès à la culture, qui sont essentiels dans la construction de la personne et de la société, tels qu’écouter de la musique ou lire.
La vie serait-elle digne d’être vécue sans musique ?

Les solutions

L’auteur, docteur en sociologie, liste les solutions possibles pour lutter contre les abus de la société productiviste. Il insiste sur l’importance de la mobilisation citoyenne pour obtenir un certain rapport de force avec le gouvernement qui permet d’imposer des mesures, et de faire évoluer les choix du gouvernement face à cette urgence. Pour lui, le dissensus politique est un facteur important d’avancées sociales et politiques.
Afin de délibérer sur les besoins d’une société plus égalitaire, à l’époque de la transition écologique, la démocratie directe est un facteur de prise de décisions, par le biais des conseils de quartiers ou de conseils de travailleurs. Le citoyen doit avoir une place dans les prises de décisions, et participer à une forme de souveraineté écologique.
Il évoque également l’ADEME, qui produit des analyses du cycle de vie des marchandises, pour comprendre ce qui est vraiment polluant dans les objets matériels et consommables. L’extension de la garantie des objets est, selon lui, un levier efficace pour ralentir considérablement la mise sur le marché effrénée de nouveaux objets.

Pour conclure, nous citerons Karl Marx : « une révolution radicale ne peut être que la révolution des besoins radicaux ».

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