Le nouveau livre de Christophe Brusset est sorti ; une bonne occasion de se rappeler quels sont les bons gestes à adopter et les pièges à éviter quand on fait ses courses !
Des pratiques industrielles peu ragoûtantes
Comme le soulignait avec style feu Jean-Pierre Coffe, les aliments consommés aujourd’hui n’ont que peu de choses à avoir avec ceux qu’avalaient nos aïeux. Déjà, les pesticides et autres produits phytosanitaires de synthèse présents partout dans l’agriculture conventionnelle sont des poisons et utilisés comme tels. La volonté d’obtenir des fruits et légumes au calibre standardisé est un symptôme de l’agro-alimentaire des temps modernes.
Ce que dénonce Christophe Brusset dans ce deuxième livre sur le sujet de l’agro-industrie, c’est la phase de transformation. En effet, peu d’aliments (à part les végétaux bruts) arrivent tels quels dans nos rayons, et les industriels redoublent d’imagination pour atteindre le sacro-saint coût de production minimal, qui leur permet d’assurer les meilleures marges. Pour assurer un bon rendement, toutes les manoeuvres sont bonnes : couper la charcuterie avec de l’eau, flirter avec les limites légales pour la teneur en sel pour donner du goût, et surtout utiliser massivement des additifs dont les dommages à long terme sur le corps humain restent un risque potentiel majeur et un enjeu de santé publique.
Ces auxiliaires technologiques sont utilisés dans pratiquement tous les plats transformés. Dans la logique du « sur le pouce », le consommateur sera moins regardant sur la composition exacte de son plat s’il n’a qu’à le sortir de son emballage (plastique ou autre) et à le mettre à chauffer au micro-ondes. L’auteur précise que, ces auxiliaires n’étant pas considérés comme des additifs alimentaires (du fait de leur quantité maintenue sous les seuils nécessitant de les faire figurer dans la liste), l’industriel ayant mis le produit fini sur le marché n’aura nullement l’obligation de les mentionner dans la liste d’ingrédients. La seule exception étant le cas d’allergènes reconnus, ou de leurs produits et dérivés.
Scruter la malbouffe
Ancien ingénieur de l’industrie agroalimentaire, Christophe Brusset a passé deux décennies à acheter des denrées pour les industriels de l’agroalimentaire. Devant la course aux prix les plus bas, et la baisse de qualité qui en découle, il a décidé d’agir en lançant l’alerte. Connaissant les rouages du système, il dénonce dans ce livre les arguments fallacieux qu’utilisent à longueur de journée les industriels pour nous vendre leurs produits. Tout en sachant que ce qu’ils nous vendent ne nous apportera que peu d’effets bénéfiques, ils nous gavent de publicités vantant une qualité « supérieure », le tout filmé sous des angles avantageux et une lumière tamisée du plus bel effet.
Il va plus loin dans son analyse, et accuse les politiques publiques de ces dernières années d’être de mèche avec les lobbies de l’agro-alimentaire,toujours avec l’humour présent dans son premier livre « Vous êtes fous d’avaler ça » paru en 2015. Certains industriels, responsables marketing, politiques… se reconnaitront donc sans doute dans ce qui est dénoncé dans cet ouvrage.
Les consommateurs aussi ont commencé à ouvrir les yeux (et les papilles) sur ce qui se trouve dans leurs assiettes. Et c’est là que l’auteur prend le citoyen par la main et le guide dans les méandres de son supermarché local. Il s’agit ici d’apprendre véritablement une nouvelle langue, celle des ingrédients écrits au bas de produits que nous voyons pourtant quotidiennement ; ne s’arrêtant pas au constat, Christophe Brusset nous montre la vraie nature des produits qui étaient pourtant sous nos yeux depuis le début. Cette prise de conscience est, comme vous vous en doutez, plus qu’appréciable lorqu’on veut devenir un consom’acteur averti !
Au delà des textes de lois et des normes volontairement incompréhensibles du plus grand nombre, ce livre nous pousse donc à repenser par nous-même notre alimentation et à redevenir acteurs. Comme dit l’auteur : « manger sainement doit être un droit universel », mais cela n’est possible que si nous prenons conscience de ce qu’il y a réellement dans nos assiettes, et qu’une autre alimentation est possible.
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