Rynel Mavoungou, grand gagnant du concours d’éloquence
La finale du concours d’éloquence à destination des étudiant.es a eu lieu le 30 septembre 2024 à la Sorbonne. Huit finalistes ont pu s’exprimer pour porter haut et fort leurs visions de l’agriculture et de l’alimentation de demain, et ce devant un panel d’expert.es. Le thème du concours : « Manger aujourd’hui, nourrir demain. Défends ta vision d’une agriculture et d’une alimentation durables. »
Rynel Mavoungou, le grand gagnant du concours, a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur cette expérience.
Pourquoi as-tu décidé de t’inscrire à ce concours ? Quelles-en étaient tes attentes ?
Les enjeux environnementaux et alimentaires me passionnent profondément. Ce sont des sujets qui me touchent particulièrement, et je voulais trouver un moyen de partager mes idées. En particulier, je voulais mettre en avant l’importance du partage des connaissances pour que nous puissions réagir ensemble face à ces défis et prendre conscience de leur gravité.
J’ai vu cette opportunité et j’ai voulu la saisir pour faire entendre ma voix et sensibiliser mon entourage. Là d’où je viens, beaucoup pensent que ces problématiques ne concernent que ceux qui ont déjà de quoi manger. Je voulais montrer que ces questions sont universelles et que nous devons tous nous sentir concernés. Il ne faut pas qu’une partie du monde soit informée et engagée pendant que l’autre pense qu’il n’y a pas d’urgence. Mon but était d’éveiller les consciences et de montrer que l’accès à l’information est essentiel pour que nous puissions agir ensemble.
Quels ont été les points positifs et négatifs de ton expérience du concours d’éloquence ?
Ce concours m’a apporté beaucoup de choses positives. J’ai eu l’opportunité de rencontrer des personnes partageant les mêmes préoccupations que moi, d’apprendre les techniques de l’éloquence et, surtout, de découvrir que je pouvais réellement toucher les gens avec mes mots. Je savais ce que je voulais dire, mais je ne réalisais pas à quel point mon discours pouvait être impactant.
Le principal point négatif a été le temps imparti. Quatre minutes, c’est trop court pour traiter un sujet aussi crucial que l’agriculture de manière structurée et approfondie. J’aurais aimé avoir plus de temps pour mieux développer mes arguments.
Pourquoi as-tu souhaité rejoindre le conseil d’administration de Bio Consom’acteurs ?
Pour avancer ensemble, il faut avoir une vision commune. Bio Consom’acteurs défend des valeurs qui me tiennent à cœur. En tant qu’étudiant, je peux aider à toucher la jeunesse, notamment à travers les réseaux sociaux de Bio Consom’acteurs. Les étudiants sont l’avenir et doivent avoir accès aux bonnes informations. Mon rôle serait d’inciter mes pairs à s’intéresser aux sujets que défend l’association et à prendre part au débat. En rejoignant Bio Consom’acteurs, je pourrai découvrir les projets en cours et réfléchir à la meilleure façon d’y intégrer mes idées pour mobiliser les étudiants.
Quelles sont les principales préoccupations des étudiant·es en matière d’alimentation ? Comment s’adresser à eux ?
La principale préoccupation des étudiants, c’est le prix et l’accessibilité des aliments. On entend souvent dire que le bio est trop cher. Si l’on veut vraiment apporter une solution aux étudiants, il faut non seulement les sensibiliser, mais aussi agir auprès des autres acteurs du système : vendeurs, distributeurs, restaurants universitaires.
La vraie question est : comment rendre la bio plus accessible aux étudiants ? La plupart d’entre eux mangent au CROUS. Si on arrive à intégrer davantage d’aliments biologiques dans ces restaurants, ce serait déjà une avancée. Même si beaucoup sont conscients des bienfaits du bio pour la santé, le prix reste un frein majeur.
Quel est ton projet d’avenir ?
Je suis préoccupé par la nécessité de repenser nos systèmes agricoles et alimentaires. Actuellement, je suis étudiant en première année de master en épidémiologie, après avoir obtenu une licence en biologie.
Lors des Journées d’Automne de la Bio, où vous m’avez convié en tant que gagnant du concours d’éloquence, l’intervention du sénateur Daniel Salmon a été une véritable révélation pour moi. Il a évoqué la santé comme pierre angulaire de la transition agricole et alimentaire. Cela m’a permis de faire un lien entre mes études et mon engagement personnel. À l’avenir, j’aimerais travailler dans la prévention et la sensibilisation pour inciter la population à repenser nos modes de production et de consommation, et à mieux préserver notre environnement.
Je souhaite aussi me former à l’agriculture biologique pour ensuite transmettre ce savoir aux populations de mon pays d’origine. Mon objectif n’est pas de reproduire les erreurs de l’agriculture intensive, mais d’aider à produire de manière plus responsable, pour que chacun.e puisse avoir accès à une alimentation saine tout en respectant la nature.
À long terme, mon projet est de créer une école agricole au Congo, avec des fermes pédagogiques, pour former des étudiants aux principes de l’agriculture biologique. L’idée est qu’ils puissent apprendre à produire sainement, tout en préservant leur environnement.
Mon parcours était au départ très académique et théorique, et je me suis posé beaucoup de questions sur la direction que je voulais prendre. Mais au fil de mes expériences – le concours, mon engagement au sein de Bio Consom’acteurs – mon chemin s’éclaire. J’aimerais désormais effectuer un stage de six mois qui allie santé publique et agriculture biologique. Toutes ces expériences me donnent envie de relier ces deux domaines, et aujourd’hui, tout prend de plus en plus de sens pour moi.
Le concours d’éloquence et le programme Génération équitable s’inscrivent dans Fair Futur, un programme national d’éducation au commerce équitable des jeunes de moins de 30 ans, il est soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD).
Nous avons organisé ce concours avec Faire un Monde Équitable et Max Havelaar dans le cadre du programme de mobilisation étudiante Génération Équitable.
–> Pour en savoir plus : Article sur le concours d’éloquence de Vert le Média
