Camille Étienne, indétrônable
Entre reportages-vidéos, livres, militantisme, activisme, réseaux sociaux et plaidoyer, Camille Étienne a autant de cordes à son arc qu’une guitare à son manche.
Aujourd’hui, elle comptabilise 541k abonné·es sur Instagram, ce qui la pousse sur le devant de la scène militante “grand public”, et qui la pose comme force vive du mouvement écologiste. Lors d’un entretien pour Reporterre1, la militante souligne l’importance du rapport de force dans les luttes climatiques, et c’est un rapport qui, selon elle, prend différentes formes. Notamment, celle de “créer de l’actualité”, pour reprendre ses propres mots. Les influenceureuses Instagram et TikTok ont habilement dissimulé l’inutilité de leurs “métiers” en se prénommant “créateur.ices de contenu” – c’est ce que fait (pour le coup très intelligemment) Camille Étienne en “créant de l’actualité”, c’est à dire en alimentant les réseaux sociaux de recherches poussées, de publications mobilisantes, de facilitation graphique, le tout en lien avec les sujets environnementaux. Camille Etienne parvient à mobiliser différents supports, les réseaux sociaux (@CamilleEtienne), le livre (avec la publication de “Pour un soulèvement écologique, Dépasser notre impuissance collective”2 aux éditions Seuil), l’espace médiatique (C ce soir, Mediapart, Radio France), le cinéma (documentaire), avec les films “Pourquoi on se bat”, 2023 et “PFAS : comment les industriels nous empoisonnent”3, 2024, et enfin le dernier support : celui de la résistance par la présence et par la force, avec un engagement qui va de la manifestation à l’occupation.
Les PFAS : le grand combat mené par Camille Etienne
Les PFAS sont des molécules chimiques cancérigènes, que l’on appelle également “polluants éternels” présents sur des lentilles de contact de propriété souples, sur les bandes de revêtement anti-adhésif des poêles (notamment les poêles Tefal), sur du matériel de ski et bien d’autres choses. La scandaleuse réalité c’est que nous sommes bel et bien toutes et tous contaminé.es – et c’est que révèle (ou rappelle) “Toxic Bodies – PFAS : comment les industriels nous empoisonnent”.
Camille Étienne a réalisé en à peine un mois ce film, autour donc des polluants éternels, et le combat qu’elle a mené sur les réseaux sociaux et sur les écrans de cinéma lui ont valu deux choses : la distinction du Festival de Cannes de l’Human Action Prize, et un réel aboutissement, celui d’être parvenue à faire exister un sujet dissimulé, d’avoir fait exploser un scandale sanitaire sur lequel d’autres journalistes enquêtaient depuis des années, d’avoir permis la victoire et l’adoption de la loi de protection contre les PFAS par l’Assemblée Nationale.
Biographie abrégée :
Camille Étienne est née en 1998 et est d’origine savoyarde. Scolairement « remarquable », elle s’engage rapidement à son échelle dans des structures politiques de gauche (antenne locale d’Amnesty International, professeure de français pour les migrants). Elle poursuit ses études à Science Po Paris et, diplôme en poche, se dévoue corps et âme à son engagement militant. Aujourd’hui, Camille Étienne est une porte-parole pour les militant·es écologistes, elle fait la lumière sur des sujets scandaleux, tout en débordant de bienveillance auprès de sa communauté activiste. Elle permet à de nombreux·ses personnes de s’engager, et de mettre à profit des compétences variées mais qui servent le militantisme (sous-titrage de son film, publication, interpellation, montage, etc…). Camille Étienne est à la frontière de la politique, pour laquelle elle se sent encore trop jeune (ce sont ses mots lors de l’entretien Twitch avec Hugo4), mais qu’elle n’écarte pas pour autant.
1https://reporterre.net/Camille-Etienne-La-realite-est-la-et-elle-est-terrifiante
2https://www.seuil.com/ouvrage/pour-un-soulevement-ecologique-camille-etienne/9782021501872
3 Visionner le film en entier : https://www.youtube.com/watch?v=pIwL7gbcaVY
