Communiqué de presse – Le 15 décembre 2025
ABATTAGE MASSIF, NOUVEAUX OGM, OMNIBUS VII : RÉAGIR À LA HONTE
Le règne de la cruauté et du mépris se poursuit, les écarts avec les décideurs et décideuses se creusent dangereusement au détriment du bon sens et de la santé. À quand le point de non-retour ? Des troupeaux ont déjà été sacrifiés, ne tenant pas compte des alternatives ; des vies ont déjà été abîmées voire totalement prises par des permissions d’usage de pesticides ; combien d’autres paysan·nes et consommateur·ices devront payer le prix de décisions rétrogrades fondées sur l’ignorance et le profit ?
« Cette attaque générale de l’État et de l’UE contre la Bio, la Santé et l’environnement doit se confronter à une défense générale elle aussi, de nos corps, de l’agriculture Bio, de la transparence avec les consommateurs et consommatrices. Ces dernières semaines, on assiste à un retour en arrière qui s’oppose aux objectifs prétendus par les politiciens. On ne sait plus quoi faire pour lutter, la planète et la santé sont attaquées de tous les côtés. On ne sait plus par quel bout prendre les choses, les faits sont ignorés, les souffrances méprisées, et les erreurs se répètent et se cumulent. Et comme si ça n’était pas suffisant, la répression s’intensifie, la police envahit des fermes. On nage en plein délire. »
Julien Lucy, directeur de Bio Consom’acteurs
L’OMNIBUS 7
ou comment faire pire que la loi Duplomb
L’Omnibus 7 est une proposition de lois qui, si elle vient à être adoptée le 16 décembre 2025 par la Commission Européenne, signera définitivement la rupture entre l’agriculture et la santé. L’Europe est-elle prête à retourner 30 ans en arrière ? Fera-t-elle de nouveau le choix du profit au détriment de la vie ? Car c’est précisément ce que prévoit l’Omnibus 7 :par la suppression d’un examen périodique et systémique, 90 % des pesticides seraient autorisés… à vie. Pourtant, depuis 2011, ce sont 31 substances qui ont été retirées du marché, jugées trop dangereuses pour la santé globale. La proposition de lois va également à l’encontre de toute logique scientifique, complexifiant incroyablement la récolte de données sur les effets de ces pesticides et la mise en place de leurs alternatives. L’Omnibus 7, qui cumule les outrages, contredit et fait fi de plusieurs décisions de justice. A ce titre, Générations Futures nous rappelle « […] un arrêt de la Cour administrative d’appel de Paris du 3 septembre 2025 qui [pointait] déjà le caractère lacunaire des évaluations actuelles des pesticides par les agences sanitaires. »[1]
L’Omnibus 7 est porté par le commissaire européen hongrois Oliver Varhelyi qui se distingue par ses prises de position … notamment en 2023, lorsqu’il avait demandé que l’Union Européenne mette un terme à l’aide humanitaire apportée (dans une moindre mesure) aux Gazaoui·es. Un fil rouge morbide semble traverser les propositions portées par ce commissaire.
Ensemble, exigeons le retrait de l’Omnibus 7, faisons le choix de la santé, de l’environnement, de la science.
LE GRAND RETOUR DES OGM
ou « NTG », nouveau nom et même problème
En 2023, Bio Consom’acteurs signait et participait activement à l’appel de Poitiers contre les nouveaux OGM (« NTG »). Des dizaines d’organisations exigeaient alors :
- Que l’évaluation, la traçabilité et l’étiquetage de tous les OGM soient garantis dans la réglementation européenne ;
- Que la France mette un terme à l’importation et à la culture des OGM et qu’elle rejette la proposition de la Commission européenne de déréglementer les nouveaux OGM ;
- Que les semences et les autres organismes vivants et leurs gènes ne puissent plus être brevetés.
Malgré le travail acharné de plusieurs organisations dont le collectif Objectif Zéro OGM à l’échelle européenne, le pire a été acté. Les nouveaux OGM vont débarquer dans vos champs et dans vos assiettes. Pas d’inquiétudes disent-ils, on ne touche au génome qu’avec la même espèce et c’est une solution miracle au réchauffement climatique. Ouf ! Sauf que c’est toujours non, pour notre santé et celle de la planète : non aux nouveaux OGM et oui à l’étiquetage obligatoire !
On peut lire sur le site de la FNAB : « L’alerte de l’ANSES est sans équivoque : aucun fondement scientifique ne permet de considérer les NTG comme équivalentes aux plantes conventionnelles. Les risques potentiels restent mal connus et l’agence préconise une évaluation rigoureuse au cas par cas, recommandation écartée dans le compromis politique actuel. Ni évaluation des risques, ni traçabilité réelle : les conséquences pourraient être aussi invisibles qu’irréversibles. »
« Nous, agriculteurs et agricultrices bio, refuserons toujours d’utiliser des OGM. Sans traçabilité, la bio ne pourra plus se protéger d’éventuelles contaminations. Nous appelons donc les eurodéputé·es à continuer de défendre la bio en imposant la traçabilité des NTG. », explique Daniel Evain, référent OGM à la FNAB.
L’arrivée des NTG ou « nouveaux OGM » n’est qu’une victoire : celle de lobbies dangereux qui se sont acharnés à véhiculer des discours pro-OGM, green-washant le bon sens qui imposait leur contrôle et leur traçabilité. Ce n’est pas une victoire pour l’environnement, loin s’en faut.
Il s’agit d’une attaque de plus sur le vivant jouant à la roulette russe avec nos santés.
LA DERMATOSE NODULAIRE CONTAGIEUSE (DNC)
ou Mieux vaut détruire que prévenir ou guérir
Bio Consom’acteurs apporte tout son soutien à l’ensemble des éleveurs et des éleveuses qui, aujourd’hui, sont ignoré·es et réprimé·es par des institutions ignorantes ou meurtrières. La dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui fait la Une médiatique ces derniers jours suite aux nombreuses mobilisations paysannes et militantes, n’est pas transmissible aux humain·es. Hautement contagieuses pour le reste du troupeau, elle est cependant traitable par un vaccin (selon l’EFSA). L’adage « Mieux vaut prévenir que guérir » est plus que mis à mal : il est absolument ignoré, et la Ministre de l’Agriculture a fait choix de l’abatage de l’ensemble des bêtes dès l’apparition d’un premier cas.
Ce choix est l’illustration d’une politique de destruction : l’ANSES avait fait d’autres propositions de gestion de la DNC qui n’impliquaient pas l’abatage systématique des troupeaux suspectés. 1000 bovins sont déjà morts, à leurs côtés des paysan.nes se tiennent endeuillé.es. Nous appelons à suivre leurs mobilisations prévues sur tout le territoire.
Nous laissons la parole à la Confédération Paysanne
« Lettre ouverte à l’attention des élu·e·s, du monde vétérinaire et scientifique et de la société civile.
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est aujourd’hui au cœur d’une crise qui dépasse largement le seul cadre sanitaire.
Partout sur nos territoires, des troupeaux sont abattus ou risquent de l’être sans distinction, des fermes vont être vidées, des paysan·ne·s sont sous pression, dans la peur et dépourvu d’accompagnement et de soutien de la part de l’État.
Nous refusons cette logique d’abattage total systématique dès l’apparition du premier cas. Cette logique est un non-sens, elle est inefficace, violente, déconnectée de la réalité du terrain et des expériences acquises lors des dernières crises et par d’autres pays ayant déjà été confrontés à la DNC.
La gestion actuelle sacrifie plus qu’elle ne protège. Elle détruit des vies, des savoir-faire, des liens humains et du vivant. Elle fait fi de parfois plus de cent ans de travail de sélection génétique dans les troupeaux. Elle creuse encore le fossé entre l’administration et le monde agricole, entre les décisions prises dans les bureaux et les réalités du terrain.
Les avis scientifiques confirment la possibilité de changer de stratégie. Dans son étude de 2016 réalisée suite à l’apparition de la DNC dans les Balkans, l’EFSA estimait que, sur un territoire où une campagne de vaccination large était menée, l’abattage total des troupeaux et l’euthanasie ciblée des animaux ont le même impact sur la lutte contre l’épidémie. La campagne vaccinale démarrée depuis plusieurs jours doit être vue par l’État comme une opportunité pour adopter une stratégie sanitaire plus respectueuse des paysannes, des paysans et de leurs animaux.
Nous savons que nous ne gagnerons pas seuls.
C’est pourquoi nous lançons un appel à toutes celles et ceux qui peuvent peser dans cette bataille :
- Aux vétérinaires et scientifiques, pour faire entendre leur voix contre les mesures extrêmes et hors sol, loin des messages entendus lors des derniers échanges avec le ministère qui nous présente des thèses scientifiques comme étant les seules existantes
- Aux élu.es locaux et nationaux, pour interpeler l’État et exiger une réponse à la hauteur des enjeux, qu’ils et elles se servent de leur mandat de représentants des citoyens et citoyennes pour faire entendre les voix dissidentes.
- À la société civile, aux associations, aux citoyen·ne·s, pour qu’ils se mobilisent à nos côtés et défendent une agriculture qui respecte l’environnement, le vivant, animal et humain !
Nous avons besoin d’un sursaut collectif. D’un refus clair et massif de cette politique du sacrifice humain et animal. En tant que relai d’opinion, expert·e scientifique, représentant·e des territoires ou vétérinaire, votre avis compte. Nous avons besoin d’expressions publiques fortes d’avis critiques sur la stratégie inhumaine du gouvernement.
Déjà plus de 1000 bovins ont été abattus en Savoie et Haute-Savoie. Chaque ferme, chaque troupeau, chaque vie humaine compte. »
[1] https://shaketonpolitique.org/petitions/pesticides-omnibus/