JARDINER AVEC BIO CONSOM’ACTEURS (EN SEPTEMBRE)

Nous poursuivons cette nouvelle rubrique pour vous accompagner au jardin (ou au balcon) avec les saisons et bien sûr en agriculture biologique. Julien Lucy, maraîcher bio pendant 7 ans en Charente Maritime et désormais salarié de l’association, tâchera de vous aiguiller au mieux au fil des mois. Cette rubrique est ouverte, vos contributions, retours et expériences sont bienvenus ! Après plusieurs mois, aidez-nous à faire évoluer cette rubrique en fonction de vos besoins.

Si on vous dit septembre, vous pensez rentrée, fin de la canicule, arrivée de l’automne ? Saviez-vous que c’était le mois des maraichers par excellence où les légumes d’été côtoient les premières récoltes de l’automne ?

Début septembre, les journées raccourcissent, mais le soleil est encore chaud et c’est la pleine saison des récoltes de tomates, aubergines, concombres, poivrons, piments, etc.

Fin septembre, les feuilles des arbres commencent à s’embraser. Les nuits sont plus fraîches, mais les travaux ne manqueront pas au potager et c’est encore le temps des récoltes. Toutes les parties vides de cultures sont à occuper par de l’engrais vert. Les cultures d’été vont laisser maintenant la place aux légumes d’hiver. 

Vous n’avez rien à récolter ? Pas de panique, lisez cet article ! N’oublions pas non plus que le jardinier ou le maraîcher doit penser avec une ou deux saisons d’avance. Dès maintenant, vous devez donc anticiper votre jardin pour l’hiver voire de printemps.

Quels travaux faire au jardin ou au balcon en septembre ?

En septembre, et malgré la saison exceptionnellement sèche et chaude que nous traversons, l’heure est à la récolte, à l’arrachage, à la transformation des légumes en surplus ou non arrivés à maturité. Impossible donc, même si vous débutez ou que l’été a eu raison de votre jardin de ne pas commencer par cette pratique de saison :

  • Récolte, transformation et arrachage

La récolte est l’aboutissement des efforts du jardinier mais encore faut-il appliquer les bons gestes qui permettent de prélever fruits et légumes arrivés à maturité, sans abîmer les plantes, ce qui compromettrait les futures productions.

Pour arracher les bulbes à faible enracinement, tirez dessus avec précaution. Pour ceux qui ont un enracinement plus profond (betteraves, topinambours, pommes de terre, carottes céleris raves), il suffit d’utiliser une fourche ou une bèche, en tâchant de ne pas écraser ce que vous ramassez. Un arrosage la veille permet d’avoir un sol plus meuble et peut faciliter la démarche. Des outils spécifiques existent, notamment pour les pommes de terre, mais votre fourche pourra très bien faire l’affaire.

Pour les légumes feuilles, le couteau sera votre meilleur ami, avec la précaution de bien sectionner le légume sans l’abîmer. Pour les légumes fruits, pas de difficulté particulière, mais attention à choisir le bon moment où le fruit sera suffisamment mûr pour être ramassé sans effort ni torsion. Pour les melons, il faut sectionner le pédoncule au couteau mais bien choisir son moment : la couleur s’atténue, les tissus sont plus souples et une gerçure circulaire apparait autour de la queue, sans oublier le dégagement de l’odeur bien connue ! Certains légumes se récoltent en deux temps pour bien se conserver ensuite. C’est le cas des oignons, des échalotes et des pommes de terre. Ils doivent rester un jour ou deux sur la terre ou dans un endroit sec et aéré afin de bien ressuyer, c’est-à-dire sécher, avant d’être stockés.

Les deux mains sont nécessaires pour récolter les fèves, petits pois ou haricots (mais aussi les fraises, les cornichons…). L’une tient fermement la plante ou la tige pendant que l’autre tire sur le fruit pour le détacher. Si vous ne prenez pas cette précaution, vous risquer d’abîmer ou de casser la tige.

Enfin pour récolter les haricots en grains, attendez que la plante soit totalement desséchée.

  • Préparez les planches récoltées afin de planter ou semer de nouvelles cultures mais ne tardez pas, plus l’année avance, moins vos légumes poussent. Les jours dit « poussant » sont derrière nous, mais vous pouvez encore avoir des récoltes en fin d’automne, début d’hiver si vous vous y mettez maintenant ! Vous trouverez quoi semer et planter en septembre à la fin de l’article.
  • Comme chaque mois, buttez, binez, désherbez, éclaircissezet paillez le plus possible. (voir nos articles précédents)
  • C’est un bon moment pour amender votre sol (d’un point de vu agricole bien sûr) ! Incorporer du compost (un kilo par mètre carré par exemple pour les planches qui ont besoin d’un peu d’aide après cet été éprouvant). Si vous n’avez pas de compost, il est temps de s’y mettre !
  • Pensez au froid (eh oui déjà) ! Même si l’automne est annoncé plus sec et chaud que la moyenne, des premières gelées « précoces » peuvent advenir à la fin du mois, pensez alors à protéger vos cultures les plus sensibles afin de faire durer vos productions. Pour les protéger, vous avez plusieurs moyens : tunnels en plastiques, P.17 ou autre format à rajouter la nuit en cas de risque, ou des protections bricolées à partir de sac et de piquets. Dans tous les cas, le paillage, utile cet été contre la sécheresse, aidera aussi votre sol à garder une température moins basse en case de gel.
  • Prenez soin de vos choux, si vous avez pu en planter. En effet, le chou constituera une des bases de la future saison, autant les aider un peu avant le moment de la récolte. Pour se faire, écraser les pontes de piérides, repaillez, arrosez en pluie fine (et parlez leur gentiment !)
  • Couvrez les fraisiers remontants ou de 4 saisons pour prolonger la récolte
  • Vers le milieu du mois, commencez à dégager ou à supprimer les feuilles des tomates qui masquent du soleil les fruits encore en formation pour accélérer le murissement
  • C’est également un bon moment pour garder vos semences ! rendez-vous ici pour nos conseils

 

Vous êtes dépassés par les herbes ou vous ne savez pas par quel bout reprendre votre jardin ?

Tout d’abord vous avez de la chance, la canicule couplée à la sécheresse a le plus souvent donné des jardins grillés et les témoignages pleuvent (eux) !

Si vous êtes malgré tout dans ce cas, au lieu de tout arracher à la main, vous pouvez d’abord couper et laisser la coupe sur place quelques jours tout en arrosant sobrement afin de faciliter le retournement du sol ensuite. Dans ce cas l’important est ensuite de bien enlever les racines une fois votre sol nu. Vous pouvez également choisir de couper (pour ne pas laisser monter en graine les herbes non désirées) et laisser votre sol travailler tranquillement.

Quand votre jardin est revenu à un niveau de motivation suffisante, ne laissez pas les sols nus ! Vous avez au moins quatre solutions :

  • Replanter ou semer dans la foulée (et pailler)
  • Pailler pour accueillir les générations futures et limiter la repousse. Vous pouvez même pailler plus abondamment et laisser travailler votre sol quelques semaines ou quelques mois.
  • Occulter votre sol avec un fort paillage ou une bâche noire. Vous retrouverez ainsi un sol prêt le jour où, au printemps ou à la fin de l’hiver, vous souhaitez vous y remettre.
  • Faites un semis d’une culture intermédiaire ou d’un engrais vert :

Ces engrais verts vont pousser jusqu’au printemps tandis que leurs racines puissantes vont décompacter la terre. Au printemps, après avoir coupé leurs tiges au ras du sol, le feuillage va se décomposer tout comme les racines restées en terre et cette matière organique va enrichir le sol. Ensuite les légumes prennent place au potager et sont paillés avec du foin qui continue d’enrichir le sol en se dégradant lentement. Votre engrais vert peut être constitué de féverole, de seigle, de moutarde, vesce, de trèfle incarnat, de phacélie, d’avoine… Certaines variétés sont des légumineuse, c’est-à-dire qu’elles vont enrichir le sol en azote.

Certaines font beaucoup de fleurs qui attirent les abeilles. D’autres résistent au froid et ont un fort enracinement.

En cas de forte production, vous pouvez également faire des conserves, des bocaux etc.

Nous espérons que vous avez pensé à créer un espace sec, aéré, frais et ombragé voir préservé de la lumière pour conserver vos légumes. Si tel n’est pas le cas, c’est le moment de s’y mettre.

Les conserves maison ont l’avantage de pouvoir être simplement entreposées dans un endroit sombre. Pas besoin de congélateur, de frigo ni même de fraîcheur ! Après un an, elles perdent un peu de leurs qualités gustatives et nutritives – mais elles ne sont pas périmées pour autant !

Pour pouvoir conserver des aliments en bocaux à température ambiante, il faut passer par une étape de stérilisation à haute température, ce qui peut sembler un peu intimidant. Le processus n’est pourtant pas si compliqué, pourvu que l’on respecte une méthode adaptée aux aliments à conserver.

  • Si la préparation à conserver est assez acide, on peut se contenter de stériliser les bocaux à l’eau bouillante.
  • Si la préparation est peu ou pas acide, l’utilisation d’un autoclave domestique (une marmite à pression permettant d’atteindre des températures autrement inatteignables) est absolument nécessaire pour empêcher le développement de bactéries. C’est le cas notamment pour les viandes, les soupes et les légumes frais.

Il est très important de toujours suivre une recette fiable ! Les bactéries qui se développent dans des aliments mal stérilisés peuvent causer des intoxications.

Le processus général reste le même pour toutes les recettes assez acides : les bocaux vides et propres sont placés dans une marmite d’eau bouillante (au four, ils risquent d’exploser) et gardés chauds jusqu’à ce qu’ils soient remplis avec la préparation. Les disques sont ensuite posés sur les bocaux et la bague est vissée sans forcer. Les bocaux remplis repartent alors pour un dernier tour dans la marmite d’eau bouillante, selon le temps indiqué dans la recette. 

  • Les aliments d’automne mis en conserve sans autoclave

Les légumes ne sont pas assez acides pour être stérilisés seuls sans autoclave. Il est cependant possible de se contenter de la stérilisation à l’eau bouillante pour certaines préparations, notamment lorsqu’il y a ajout de vinaigre.

Les betteraves marinées dans le vinaigre, par exemple, sont faciles à préparer. Et ça fonctionne presque de la même façon pour les poivrons et les courgettes !

Les courges peuvent être conservées telles quelles tout l’hiver, si elles sont entreposées dans de bonnes conditions.

Les tomates quant à elles se déclinent en toutes sortes de préparations qui se prêtent très bien à la mise en conserve.

Du côté des fruits, les confitures sont bien sûr un grand classique de la fin de l’été et du mois de septembre. Les compotes de pommes aussi sont facilement conservables : 20 minutes de stérilisation à l’eau bouillante et c’est dans le pot !

Que pouvons-nous planter et semer en septembre ?

  • En semis direct : betteraves, carottes, radis noirs, cresson, navets, épinard, cerfeuil, oseille radis, épinards, coriandre
  • Semer dans votre nurserie : attention, il risque d’y faire frais… mais si vous êtes bien équipé et bien organisé : choux (de printemps), blettes, laitues, salades, navets, épinards, coriandre
  • Planter en pleine terre : brocolis, chicorées frisées, salades, oignons blancs, persils, ciboulettes, épinards, mâches, choux (mais vous êtes en retard…), fraisiers

 

Pour aller plus loin :

Manger de saison en septembre

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en été)

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en juin)

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en mai)

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en avril)

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en mars)

 

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