A moins de se fournir directement chez un producteur dont on connaît les pratiques, il est parfois difficile de savoir se retrouver dans la forêt des labels, marques et autres allégations. Bio Consom’acteurs fait le point sur les labels alimentaires les plus répandus, les compare à l’agriculture conventionnelle et vous donne son avis pour vous aider à faire le tri.
Nos préférés :
Les plus : Interdiction des pesticides, des engrais de synthèse, interdiction des hormones et farines animales. Une ferme doit être 100 % bio. Nombre de traitements allopathiques plus faible que pour le label bio européen. 80 % minimum de l’alimentation des herbivores doit être produite sur l’exploitation (au lieu de 60% pour le label UE). Elevage hors sol interdit. Précautions supplémentaires au label européen pour éviter la contamination OGM. Compostage obligatoire. Ensilage limité à 70 % de la ration journalière des animaux. Caillebottis interdit pour les volailles. Transport des animaux vivants limité à 8 heures maximum.
Les moins : Effluents d’élevages non bio autorisés dans les champs sous certaines conditions. Ebourgeonnage des cornes autorisé. Attache autorisée si les animaux ont accès au moins 2 fois par semaine au plein air. Méconnu des non-initiés à l’alimentation bio.
- Ni plus, ni moins: Uniquement en vente directe et magasins spécialisés.
- Plus d’infos : Bio Cohérence
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Notre avis : Il s’agit d’une marque de certification privée, créé en 2010, en réaction à la nouvelle réglementation bio européenne de 2009. Reprend et renforce les critères de l’ancien label AB, avec des exigences supplémentaires : critères agronomiques plus exigeants, critères sociaux et éthiques (sur le droit du travail, par exemple), qui sont absents du label bio européen (eurofeuille).
Les plus : Pesticides, engrais de synthèse, hormones, antibiotiques, OGM, huile de palme et farines animales interdits. Les produits composés doivent être au moins à 70 % conformes à la charte Nature & Progrès et ont 5 ans pour arriver à 100 %. Ferme 100 % bio. Contrôles faits par producteurs et consommateurs membres de Nature & Progrès (système participatif de garantie). Nourriture des animaux 100 % bio et à 50 % provenant de la ferme. Taille du cheptel maximale deux fois inférieure au label bio européen. Traitements allopathiques très limités. Ecornage interdit sauf dérogation. Temps de transport des animaux vivants limité à 6 heures. Le cahier des charges Nature & Progrès contient aussi des critères environnementaux, sociaux et éthiques (lien entre producteur et consommateur, ventes locales et directes, ainsi qu’un commerce équitable).
Les moins : Méconnu des non-initiés à l’alimentation bio
- Ni plus ni moins : ne demande pas la certification bio européenne/AB aux acteurs de la filière. Disponible uniquement en magasins spécialisés.
- Plus d’infos : Nature & Progrès
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Notre avis : Nature et progrès est une marque associative (ou mention) de haute qualité bio. Créée en 1972 par l’association de consommateurs, de producteurs et de transformateurs du même nom, qui date elle-même de 1964, autour d’un objectif commun : promouvoir une agriculture respectant le vivant, pour contester l’industrialisation de l’agriculture. Va bien plus loin que le cahier des charges européen.
Les plus : Respect de la réglementation européenne bio. Critères sociaux, économiques et environnementaux en plus. Bio Partenaire allie commerce équitable, contractualisation, dialogue et responsabilité sociétale et environnementale des entreprises.
Les moins : Méconnu des non-initiés à l’alimentation biologique. Comme pour le bio européen, pas de critères sur le bien-être animal et peu de critères agroécologiques.
Ni plus ni moins : Disponibles uniquement en magasins spécialisés.
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Plus d’infos : Biopartenaire
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Notre avis : label qui date de 2002, créé par des pionniers de la bio qui souhaitent développer une autre vision du commerce en replaçant l’homme au cœur des échanges. Une charte qui repose sur 7 engagements alliant bio et commerce équitable, qui font du label Biopartenaires le seul label bio à être engagé pour le commerce équitable. Intéressants sur le principe (combinent environnement et aspects sociaux), mais assez difficiles à trouver. Doivent augmenter leurs exigences en terme de pratiques agroécologiques et de bien-être animal.
Les plus : Pesticides, engrais de synthèse, OGM, antibiotiques, hormones et farines animales interdits. Démarche spirituelle et fertilité de la terre au coeur des principes de la biodynamie. Ferme 100 % en biodynamie. Commission indépendante. Contrôle bio + contrôle Demeter. Nourriture des animaux provient à 80 % de la ferme. Taille du cheptel maximale deux fois plus petite qu’avec le label bio européen. Très peu de traitements vétérinaires allopathiques. Temps de transport limité à 6 heures. Vins biodynamiques connus pour avoir de bons résultats gustatifs. Produits garantis par l’association Demeter et certifiés bio.
Les moins : Pas de critères environnementaux ou sociaux en plus de ceux du label bio européen. Peu répandus.
- Plus d’infos : Demeter
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Notre avis : marque de certification internationale, la plus ancienne des agricultures dites agro-écologiques (1932). Repose sur les principes de l’agriculture biodynamique, démarche globale qui relie le vivant avec l’ensemble de son environnement (respect des cycles naturels, respect du vivant, fertilisation naturelle…)
Les plus connus :
Les plus : Unifie les critères du bio dans l’UE. Interdiction des pesticides, engrais chimiques de synthèse et hormones. Nombre de traitements antibiotiques allopathique faible (de 1 à 3) . Élevage hors-sol interdit. Production hors-sol interdite. La surface en caillebottis ne peut dépasser 25%de la surface totale. Alimentation des animaux à 60 % produite sur l’exploitation. 1 à 2 contrôles par an.
Les moins : Autorise les traces d’OGM à hauteur de 0,9 % dans les produits bio. Mixité bio/non bio possible sur la ferme. Ensilage (fourrages fermentés, utilisés pour augmnter la production de lait hors-saison et la prise de poids des animaux, donc souvent liés à l’élevage intensif) non limité. Surface des bâtiments de poules pondeuses non limitée. Alimentation des porcs et volailles peut contenir une petite part (jusqu’à 5%) d’aliments issus de l’agriculture conventionnelle. Ecornage et attache autorisés. Farines animales dans les champs autorisées. Pas de limite dans la durée de transport des animaux en vie.
- Plus d’infos : Agence bio
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Notre avis : Le label européen est un vrai point de départ vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement (absence de produits chimiques de synthèse) mais doit s’améliorer. Notamment en interdisant totalement les OGM, en intégrant davantage de pratiques agroécologiques obligatoires dans ses critères (ex : plantation d’arbres, semis direct, cultures associées, etc.), de pratiques pour le bien-être animal (pas d’attache, pas de mutilation, temps de transport limité, etc.) et des critères sociaux (niveau des salaires, respect du droit du travail, notamment pour les saisonniers non européens).
Fairtrade/Max Havelaar -social/économique
Les plus : Respect des normes internationales du travail et de la législation nationale. Prix minimum d’achat. Préfinancement possible des ventes. OGM interdits. Contrôle tous les 2 ou 3 ans par FLO-CERT GmbH (Fairtrade Labelling Organisation International – Certificate). Disponible dans la grande distribution.
Les moins : Pas d’exigences agronomiques. Exigences minimales sur l’environnement
- Plus d’infos : Max Havelaar France
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Notre avis : Intéressant sur les aspects sociaux et économiques du commerce avec les pays du Sud mais manque de critères environnementaux et agronomiques.
Les plus : Produits de la mer issus de pêcheries de captures sauvages durables : effort de pêche permettant d’assurer la pérennité des populations de poissons ; activités de pêche gérées de façon à maintenir l’écosystème dans son ensemble ; respect des lois en vigueur et gestion telle que la pêcherie doit pouvoir s’adapter aux changements (ex: chute de la population d’une espèce halieutique). Certification par des organismes indépendants.
Les moins : Polémique au sujet de certaines pêcheries certifiées, jugées douteuses par plusieurs biologistes marins et associations environnementales.
- Plus d’infos : MSC
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Notre avis : Les stocks de poissons sont globalement surexploités et le label MSC est controversé. Choisir des espèces de poissons dont les stocks ne sont pas en danger (voir le consoguide poissons du WWF France), et limiter sa consommation de poisson à hauteur de deux fois par semaine, dont un poisson gras, comme cela est recommandé dans le PNNS 2017-2021 (Programme National Nutrition Santé).
Les derniers nés… la tendance bio et équitable origine France
Les plus : C’est l’association du cahier des charges bio aux exigences du commerce équitable. Garantit aux consommateurs des légumes biologiques produits en France, et aux agriculteurs bio un prix rémunérateur et des relations commerciales équitables.
Les moins : Marque locale, apposée sur seulement 4 légumes de la gamme bio Picard (courgette, maïs, haricot vert, carotte) et disponible dans 87 magasins de Nouvelle Aquitaine et d’Occitanie. Un nouveau label, source possible de confusion pour les consommateurs ? Un besoin de pédagogie et d’information transparente s’impose.
- Plus d’infos : www.fnab.org
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Notre avis : Issu d’un travail entre la Fnab et le groupe Picard Surgelés, ce label vise la relocalisation des filières de légumes pour la transformation, donc une bio, locale et équitable, ça nous plait ! On souhaite que cette expérience puisse s’étendre à d’autres régions et à d’autres produits, et qu’elle inspire les pratiques commerciales d’autres acteurs de la grande distribution.
Les plus : S’appuie sur deux expériences de commerce équitable avec des producteurs français qui ont démontré, sur la durée, leur capacité à générer un impact significatif : la démarche Ensemble de BIOCOOP créée en 2001 et la charte Paysans d’ici d’ETHIQUABLE lancée en 2011. Démarches collectives aux côtés de coopératives et de transformateurs. Un commerce équitable qui promeut une agriculture paysanne bio et participe à la transition écologique.
Les moins : Un nouveau label, source possible de confusion pour les consommateurs ? Un besoin de pédagogie et d’information transparente s’impose.
- Plus d’infos : https://www.bio-equitable-en-france.fr/
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Notre avis : La tendance d’une bio, locale et équitable prend de l’ampleur, et c’est tant mieux. Intéressant d’ajouter des critères sociaux et commerciaux au cahier des charges bio, pour répondre aux exigences des consommateurs avertis.
Le goût…mais encore?
Les plus : Caractéristiques gustatives en fonction d’un lieu, d’un terroir, d’un savoir-faire.
Les moins : Aucune exigence agronomique, environnementale, sociale ou éthique : OGM, pesticides, engrais chimiques de synthèse, antibiotiques, etc. autorisés. Ensilage, attache, écornage, farines animales autorisés. Pas de limite pour la surface des bâtiments de poules ou la taille des cheptels.
- Plus d’infos : Site de l’INAO
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Notre avis : Sigles les plus connus. Garantissent un terroir de provenance strictement délimité, un savoir-faire local et un goût : des qualités qu’on peut trouver ailleurs, critères environnementaux, agronomiques et éthiques en plus… (par exemple, avec les labels ci-dessus)
Les plus : Caractéristiques gustatives liées à une origine géographique.
Les moins : OGM, pesticides, engrais chimiques de synthèse, antibiotiques, etc. autorisés. Ensilage, attache, écornage, farines animales autorisés. Pas de limite pour la surface des bâtiments de poules ou la taille des cheptels. Pas d’exigences agronomiques, environnementales, sociales ou éthiques.
- Plus d’infos : Label rouge
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Notre avis : Atteste essentiellement des critères d’origine et de qualité gustative supérieure d’un produit. Idem que AOP/IGP/AOC : des qualités qu’on peut trouver ailleurs, critères environnementaux, agronomiques et éthiques en plus… (par exemple, avec les labels plus haut)
Les labels trompeurs
Les plus : L’ensemble des produits chimiques de synthèse sont interdits (le glyphosate, les néonicotinoïdes)
Les moins : Son nom « Zéro résidu de pesticides » est trompeur puisqu’il ne garantit pas l’absence totale de pesticides sur les produits vendus, mais « pas plus de 0,01 mg de pesticide au kilo. En outre, le label ne prend en compte que la santé du consommateur et n’a aucune exigence en matière environnementale ou sociale.
- Plus d’infos : Article Zéro résidu de pesticides
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Notre avis : Le consommateur est trompé par le nom du label. Le Zéro résidu incite à la confiance alors que dans les faits les produits peuvent en contenir et nous n’avons aucune information sur ces résidus. Le label est uniquement tourné vers le consommateur au détriment d’un engagement durable sur l’environnement et sanitaire via l’épandage de pesticides.
Les plus : Application de la loi en terme d’utilisation des produits chimiques.
Les moins : Comme en conventionnel, pas d’exclusion des OGM, ni des pesticides, ni des engrais chimiques de synthèse. Ne remet pas en question le modèle agricole productiviste et dépendant des énergies fossiles. La moitié des exigences pour être qualifiée de ferme en agriculture raisonnée consiste à simplement appliquer la loi (ex. : n’utiliser que des produits bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché ou disposer de locaux aux normes phytosanitaires). Aucune norme maximale autorisée sur les produits chimiques utilisés. 1 contrôle en 5 ans
- Plus d’infos : Site du FARRE (forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement)
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Notre avis : Construit par l’agroindustrie chimique, la qualification d’agriculture raisonnée est un leurre, qui consiste à respecter la règlementation en vigueur… et à le faire valoir auprès des consommateurs. On peut néanmoins imaginer (rêver?) qu’elle peut être une étape pour les agriculteurs qui se tourneraient ensuite progressivement vers l’agriculture biologique.