Les Etats membres ont voté le 29 avril pour l’interdiction de trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes, lit-on sur le site du Guardian. Une nouvelle inespérée, puisqu’il y a six semaines encore, les pays européens n’étaient pas arrivés à s’accorder sur cette proposition de la Commission européenne. Désormais, celle-ci pourra appliquer la suspension desdits pesticides d’ici quelques semaines.
Début 2013, l’autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) avait émis des inquiétudes au sujet des « risques inacceptables » d’effets néfastes sur les abeilles que ces substances présentaient. En particulier à cause de leur neurotoxicité. Un rapport auquel la Commission avait réagi, proposant la suspension pour deux ans de ces insecticides. C’est alors que sont montées au créneau de grosses multinationales des phytosanitaires. Le suisse Syngenta et l’allemand Bayer, notamment, auraient intensifié leurs pressions dans les couloirs de Bruxelles, révélait Mediapart en début de semaine. Qui rapporte que, d’après l’ONG Corporate Europe Observancy, le PDG de Syngenta aurait précisé dans une lettre au commissaire européen en charge du dossier John Dalli, qu «il venait de déjeuner […]avec François Hollande et Barack Obama pour évoquer la contribution de son groupe à la lutte contre la faim dans le monde et qu’il fallait donc prêter attention à ses arguments». Et d’ajouter qu’en cas d’interdiction des pesticides incriminés, la production de cultures clefs allait «chuter jusqu’à 40%», pointant les «données lacunaires» concernant les études sur l’impact de ces produits sur les abeilles. Le groupe suisse serait allé jusqu’à menacer de poursuivre en justice les auteurs du rapport de l’EFSA. C’est que ces néonicotinoïdes représentent des millions d’euros pour ces entreprises. Mais quitte à choisir la solution la plus économique, rappelons-nous une chose : les trois quarts des cultures agricoles seraient dépendants des abeilles, et de milliers d’autres insectes pollinisateurs.