Les résultats de l’étude du cabinet Ethicity, présentés le 2 avril 2012, montrent que les Français consomment moins de produits dits responsables, mais de manière plus pragmatique.
88% des Français déclarent que la crise est «une occasion de revoir nos modes de vie et de consommation», selon l’étude du cabinet conseil en développement durable Ethicity, présentée le 2 avril 2012. Un questionnaire a été remis par voie postale à 4 055 individus de 15 à 74 ans, qui y ont répondu entre le 20 février et le 16 mars 2012. Il montre que 89% des Français pensent qu’il faut revoir au moins «une partie de notre modèle économique et social de société». Et même «repartir de zéro, la crise montre que le notre n’est plus viable», selon un peu plus d’un tiers d’entre eux.
Les Français achètent moins responsable et moins cher par rapport à 2011: 44% des répondants disent avoir eu un comportement de consommation responsable, soit 7 points en moins par rapport à 2011. Tandis que 35% des personnes (2 points de plus qu’en 2011) disent avoir eu un comportement de consommation pragmatique, c’est-à-dire en achetant moins de produits et moins chers ou en privilégiant les prix bas, «pour continuer à consommer autant de produits qu’avant». Toutefois, certains comportements sont adoptés de plus en plus automatiquement : c’est le cas du tri des déchets ou encore de la consommation d’eau et d’énergie, que respectivement plus des deux tiers et de la moitié des Français disent pratiquer systématiquement, selon Ethicity.
Qu’est ce qu’un produit responsable ? Les répondants citent le plus souvent en premier le fait d’être fabriqué localement, «pour favoriser les économies de transport et le développement de l’emploi local». D’après l’étude, 85% des Français déclarent d’ailleurs privilégier les entreprises qui ont «préservé une implantation locale». Le deuxième critère le plus fréquemment cité pour qualifier un produit de responsable est la robustesse/solidité, qui lui permet d’être plus économique à l’usage dans la durée.
Les Français s’intéressent de plus en plus à leurs étiquettes : ils sont 52% à vouloir davantage d’informations sur l’origine des produits qu’ils achètent, 38% à vouloir connaître l’impact de ce produit sur la biodiversité, et 35% à vouloir en savoir plus sur la façon dont se répartit le prix du produit le long des filières. Les entreprises ont encore du boulot, puisque «76% des répondants considèrent qu’ils ne donnent pas assez d’informations sur les conditions de fabrication de leurs produits». Par ailleurs, 51% des répondants (soit 3 points de plus qu’en 2011), déclarent qu’ils seraient «très intéressés par des produits de la consommation responsable s’ils avaient plus de transparence sur l’engagement social et environnemental des entreprises produisant ces produits». Selon Ethicity donc, les gens veulent des preuves concrètes que leur acte d’achat aura un impact social, environnemental et économique positif. Selon Christine Cros, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le surcoût apparent des produits responsables (bio par exemple) n’est pas forcément un frein à l’achat. En revanche, ce surcoût induirait un changement de comportement, tel qu’une diminution du gaspillage des denrées alimentaires: «31% des Français déclarent manger bio de temps en temps malgré la crise», souligne Christine Cros. Un constat que Dan Crossley, conseiller en développement durable pour l’ONG britannique Forum for the future, l’appuie: «Avant la crise, 35% de la nourriture achetée au Royaume-Uni était jetée. Ce nombre est passé à 22% après la crise».