L’étude Nutrinet-santé et les consommateurs bio

Les enjeux
Les grands problèmes de santé publique auxquels nous sommes confrontés en France, comme dans l’ensemble des  pays industrialisés sont les cancers, les maladies cardiovasculaires (infarctus, accidents cérébraux), obésité, diabète de type 2, dyslipidémies (cholestérol, triglycérides), l’hypertension artérielle.
Identifier des facteurs de risque ou de protection, liés à la nutrition, constitue une étape
indispensable pour établir des recommandations nutritionnelles visant à réduire le risque de
ces pathologies et améliorer la santé des populations.
L’épidémiologie nutritionnelle occupe une place importante dans la démonstration des relations nutrition-santé car elle contribue à fournir une information directe sur la relation entre l’exposition alimentaire et la survenue des maladies dans des conditions de vie habituelles. Cependant, il est essentiel aujourd’hui de pouvoir développer des études dites prospectives (dans la durée) sur de très grands échantillons de population en prenant en compte  un maximum de facteurs  du mode de vie des sujets.
 
L’utilisation d’Internet par la majorité de la population offre l’opportunité d’un accès à un très large échantillon de sujets volontaires et des possibilités de recueillir régulièrement, de très nombreuses données qu’il est possible de collecter, stocker et traiter de façon automatisée et confidentielle.

L’objectif principal : Etudier les relations entre les apports en aliments, nutriments, comportements alimentaires et  la mortalité globale et spécifique (par cancer ou maladies cardiovasculaires).  
 
Les objectifs secondaires
:
– Etudier les relations entre les apports en nutriments, aliments, comportements alimentaires et  
l’incidence des cancers, des maladies cardiovasculaires, de l’obésité et du surpoids, du diabète de type 2, de l’hypertension artérielle, des dyslipidémies, du syndrome métabolique et de la qualité de vie.  
– Etudier les déterminants (sociologiques, économiques, culturels, biologiques,) des
comportements alimentaires, de l’état nutritionnel et de l’état de santé.
– Etudier les relations entre les apports en nutriments, aliments, comportements alimentaires et des marqueurs clinico-biologiques (prises de sang, urines).
– Surveiller dans le temps (10 ans au moins) l’évolution des apports alimentaires et de l’état nutritionnel de la population.
– Mesurer les niveaux d’exposition à des risques alimentaires  
– Evaluer l’impact de campagnes ou d’actions de santé publique (connaissance, perception,
efficacité,..) .

Par la masse d’informations collectées, par la taille de l’échantillon, la cohorte NutriNet-Santé permettra de constituer une gigantesque base de données sur la nutrition et la santé de la population française et sera une des plus grandes bases de données épidémiologique dans le champs de la santé dans le monde.   

En pratique:
Il s’agit d’une étude de cohorte prospective portant sur une large population
(but : 500 000 personnes ! ), surveillée pendant une période suffisamment longue (5-10 ans). Il s’agit d’adultes de plus de 18 ans, dont au moins 250 000 sujets de plus de 45 ans, recrutés par une vaste campagne grand public lancée depuis Octobre-Novembre 2008.
Tous les questionnaires et collectes de données sont conçus pour être remplis directement sur le site internet.
A l’inclusion, à partir du site de l’étude (www.etude-nutrinet-sante.fr ), tous les sujets remplissent un dossier de base comprenant différentes parties :
questionnaires alimentaires (3 enregistrements alimentaires de 24h sur 15 jours), questionnaires sur l’activité physique, sur les données anthropométriques (poids, taille), sur le mode de vie et sur l’état de santé.  
Dans le cadre de leur surveillance, les nutrinautes reçoivent chaque mois, un rappel automatisé par e-mail les informant de la nécessité de compléter leur dossier en remplissant le nouveau questionnaire (lien intégré dans l’e-mail).
Des questionnaires spécifiques sont proposés régulièrement, ainsi que des prélèvements biologiques (sang, urines) pour des analyses biologiques.
La banque de données unique et son accès pour les chercheurs  constituera un réel patrimoine scientifique national.

L’étude NUTRINET-SANTE est entièrement réalisé par des chercheurs du service public (Université, INRA, INSERM) et financée par  des fonds publics.
Elle est coordonnée par L’Unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Université Paris 13/ INSERM/INRA) et son Directeur, le Professeur Serge Hercberg.
Au Printemps 2012, nous sommes déjà plus de 200 000 nutrinautes, dont plus de 100 000 ont déjà rempli tous les questionnaires obligatoires. Dès demain, vous pouvez vous aussi devenir un volontaire participant à l’étude, devenir un nutrinaute !

Et la bio dans tout ça ?
On sait que la motivation à consommer des produits Bio est pour 95% des personnes , le facteur « santé », pour 94%, le facteur « environnement » et pour 87%, le goût et la qualité.
Mais on ne dispose pas, au niveau national comme international, de données scientifiques suffisantes pour  évaluer les types de consommateurs de produits bio, leurs attitudes et leurs contraintes, la qualité de leur alimentation et les  bénéfices potentiels pour le bien-être et la santé qu’ils peuvent en retirer.
Avec l’étude NUTRINET-SANTE, nous avons déjà plusieurs dizaines de milliers de nutrinautes qui déclarent, dans un questionnaire spécifique sur la consommation des produits bio, être consommateurs plus ou moins réguliers d’aliment Bio ? Ceci fournit donc une opportunité unique d’étudier sur de très nombreuses personnes et de façon pluri-disciplinaire cette question importante,  et sans équivalent connu au plan international. Plus nombreux seront les consommateurs de produits bio dans l’étude, mieux on pourra les étudier et avoir des connaissances sur ce qu’ils mangent, comment, pourquoi, et quel est leur état de santé.
Les objectifs du projet BIO-NUTRINET sont ainsi :
– Analyser des données du questionnaire Bio posé dans la cohorte NutriNet avec les  données disponibles sur 80 000 participants.
– Etablir les caractéristiques des consommateurs de produits Bio en France, par âge, sexe, région et catégories d’aliments consommés, etc.
– Classifier les consommateurs en non consommateurs, et en consommateurs occasionnels, réguliers, ou assidus de produits bio,  et connaitre leurs comportements.
– Etudier des déterminants sociaux, économiques, psychologiques et cognitifs de la consommation de produits bio (analyses quantitatives et qualitatives).
– Mettre en relation le comportement alimentaire et les apports nutritionnels (équilibre macro et micro-nutriments, …) selon le type de consommateurs bio, comparer leurs apports aux  recommandations (PNNS et Apports Nutritionnels Conseillés)
– Connaître l’état nutritionnel des consommateurs Bio ( vs non consommateurs) : avec des marqueurs  biologiques nutritionnel (taux plasmatiques de vitamines, lipides, minéraux)
– Connaître  le statut toxicologique des consommateurs Bio  : dosages de résidus de pesticides (dosages urinaires ou plasmatiques )
– Mettre en relation la consommation de produits Bio et des facteurs de risque pour la santé (bilan lipidique, glycémie,…), état anthropométrique (BMI, tour de taille…), pression artérielle,…).
L’ ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) et l’Association Bio Consom’acteurs (Organisation nationale de consommateurs de produits Bio) seront des partenaires associés à ce projet.

Denis Lairon, Directeur de recherche à l’INSERM, nutritionniste, est expert pour le projet BIO-NUTRINET et correspondant de l’étude NUTRINET-SANTE pour la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et est rédacteur de ce texte.

 

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