L’agriculteur Paul François a intenté un procès à Monsanto le 12 décembre 2011 au tribunal de grande instance de Lyon, lequel a mis sa décision en délibéré au 13 février. L’agriculteur charentais accuse la firme agroalimentaire d’être responsable de l’intoxication dont il a été victime : en avril 2004, le céréalier inhala des vapeurs de Lasso, un herbicide de Monsanto, en nettoyant une cuve. S’ensuivirent les urgences, puis cinq mois d’hospitalisation et neuf mois d’arrêt de travail, selon le mouvement pour les droits et le respect des générations futures (GF). En janvier 2010, Paul François réussit à faire reconnaître ses problèmes neurologiques (amnésies, comas, migraines, somnolences, etc.) comme maladie professionnelle, par la cour d’appel de Bordeaux. Aujourd’hui, c’est la responsabilité de Monsanto qu’il veut prouver. Notamment dans le fait d’avoir «tenté de dissimuler la réelle dangerosité du Lasso», selon GF. Monsanto n’aurait pas pris la peine de mentionner la forte concentration de monochlorobenzène sur l’étiquette du produit, alors qu’il s’agit d’un solvant reconnu comme toxique par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Cette toxicité n’aurait pas été prise en compte par Monsanto lorsqu’il a demandé une homologation de son Lasso pour le marché français (qui l’interdira en 2007). Le Canada, la Belgique et le Royaume-Uni l’avaient retiré de la vente dès les années 90. Paul François a fondé l’association Phytovictimes en mars 2011, qui regroupe tous les professionnels victimes des pesticides, ainsi que leurs familles. Il est le premier particulier à mettre Monsanto sur le banc des accusés.