JARDINER AVEC BIO CONSOM’ACTEURS (EN AVRIL)

En avril, le printemps et le soleil arrivent !

Le printemps et le soleil sont à nouveau là. La motivation du jardinier va de pair ! Nous poursuivons cette nouvelle rubrique pour vous accompagner au jardin (ou au balcon) avec les saisons, et bien sûr en agriculture biologique. Julien Lucy, qui a été maraîcher bio pendant 7 ans en Charente Maritime et désormais salarié de l’association, tâchera de vous aiguiller au mieux mois par mois. Cette rubrique est ouverte, vos contributions, retours et expériences sont les bienvenus !

En avril, les jours sont plus longs et plus chauds. C’est la période la plus propice au jardin et la nature est en effervescence. Attention malgré tout, le proverbe « en avril ne te découvre pas d’un fil » est fondé et s’applique au jardin où des gelées tardives peuvent advenir. Avant de commencer les travaux et les plantations d’avril, assurez-vous d’avoir préparé votre sol, votre stratégie et vos espaces. C’est essentiel pour commencer dans de bonnes conditions. Si ça n’est pas encore le cas, commencez par lire notre article du mois de mars.

Avant de commencer, voici quelques photos d’un jardiner en Bretagne, Julien Kien, ayant suivi nos conseils :

 

 

 

 

 

 

 

Que faire au jardin ou au balcon avant de planter ?

En agriculture biologique, on pense d’abord aux besoins et à la qualité du sol, avant de penser aux besoins des cultures. Un bon sol est un sol en vie ! Gardez à l’esprit que la qualité du sol se manifeste par le nombre de vers de terre, la biodiversité qu’il abrite et son équilibre global, avant même son PH, sa profondeur ou sa constitution. La qualité de votre sol est la médecine préventive de vos cultures. En favorisant la biodiversité et l’équilibre de votre sol, vous créez des conditions favorables pour limiter les maladies et les invasions qui détruiraient vos espoirs de récolte.

Maintenant que vous avez ce principe en tête, voici ce que vous pouvez faire :

  • Aérer et ameublir

Si vous avez déjà préparé votre sol, effectuer un travail superficiel permettant de limiter les concurrences des herbes non souhaitées et d’éviter l’apparition d’une croute. Du petit matériel suffit (outils à main type bêche, rateau ou griffe).

  • Fertiliser

Vous pouvez profiter de ce travail superficiel pour incorporer du compost bien mûr à votre sol. Toute plante pompe avec ses racines des éléments nutritifs qui lui serviront à fabriquer ses tissus. La fertilité des sols est assurée à long terme par un recyclage continu de ces éléments. La fertilisation est l’art de restituer au sol ce que les récoltes lui ont enlevé (de manière naturelle bien sûr). Nous ne rentrerons pas dans les détails des besoins du sol (le fameux NPK…), mais sachez que tout sol doit atteindre un certain équilibre. L’azote est la principale substance de construction des tissus favorisant le feuillage et la croissance. Le phosphore favorise le développement racinaire. Il améliore  la qualité des légumes et des fruits, et augmente leur richesse en vitamines. Les oligo-éléments sont également indispensables, mais ne doivent pas être présents en excès, ni de manière déséquilibrée. Tous ces éléments nécessaires aux plantes sont normalement présents dans une bonne terre de jardin, mais certains sols sont carencés ou méritent un petit coup de pouce. Intégrer un bon compost à vos cultures permettra de nourrir votre sol et donc vos plantations.

Vous n’avez pas de compost et vous voulez vous y mettre (il faudra être patient avant de l’utiliser mais pas de panique) :

Avant toute chose, il faut avoir à l’esprit qu’un bon compost demande un équilibre entre matières azotées et matières carbonées.

Plus le taux de matières carbonées sera important, plus lente sera la décomposition, mais plus l’humus obtenu sera stable (donc durable).

Mais, si le taux d’azote est trop faible, le tas ne chauffera pas correctement et le processus de décomposition aura dès lors du mal à démarrer. En revanche, si le taux d’azote est trop élevé, le compost chauffera excessivement, tuant des micro-organismes nécessaires à sa décomposition.

Sans entrer dans des calculs forts complexes, on considère qu’il convient d’apporter au minimum 1 volume de matières carbonées pour 3 ou 4 volumes de matières azotées (un tel compost évoluera rapidement, mais sera plus un engrais qu’un amendement apte à enrichir votre terre)

  1. Eléments riches en azote : engrais verts, foin, fumier sans paille, déchets de la cuisine, tontes de jardin, déchets du jardin, orties…
  2. Matériaux riches en carbone : sciure de bois, feuilles de chêne, de bouleau ou d’érable, branchages, tourbe, papiers…
  3. Matériaux équilibrés : fumier avec paille, marc de café, feuilles d’aulne ou de hêtre, fanes de pommes de terre, BRF
  4. On choisira un emplacement facile d’accès et à mi-ombre
  5. Les matériaux à composter seront entreposés directement sur l’aire de compostage, sans les mettre en tas. Humidifiez légèrement les matériaux trop secs.
  6. Broyez ou découper les matériaux les plus gros (branchages, trognons de choux, tiges épaisses…).

S’il a été correctement constitué, le tas doit rapidement commencer à chauffer pour atteindre rapidement 50 à 60°C à l’intérieur. La température diminue ensuite progressivement.

Retourner le tas a pour effet d’en accélérer la fermentation. Ce n’est pas indispensable (laissons les choses se faire naturellement…) sauf si la fermentation ne démarre pas (excès d’eau ou insuffisance de matières azotées), que la fermentation démarre, mais s’arrête rapidement (manque d’eau ou de matières azotées) ou que le tas chauffe trop (au-delà de 70°C) ce qui a pour conséquence la dévalorisation de notre matériau fertilisant. Le retournement permet alors de le refroidir.

La durée du compostage est variable selon la température extérieure (donc la saison), de la composition (plus il y a de matières carbonées, plus long sera le processus de compostage) ainsi que du volume du tas.

De manière générale, un compost est demi-mûr, un à trois mois après son démarrage : apparition de vers de fumiers (vers roses avec des anneaux blanchâtres), les matériaux de départ sont encore en partie reconnaissable mais brunis. il est mûr, six à douze mois plus tard, apparition de vers de terre (lombrics), aspect terreux et noir du tas, odeur de sous-bois. Les matériaux de départ sont parfaitement décomposés, et on ne peut plus les reconnaître. Passé ce stade, le compost commencera à perdre de ses pouvoirs fertilisants pour devenir un terreau (utile pour les semis).

  • Désherber, Faire de faux semis

L’objectif du faux semis est de diminuer la concurrence entre plantes cultivées et plantes adventices (« mauvaises herbes »). Cette technique consiste à préparer une plate-bande de culture comme si l’on réalisait un semis classique, mais sans rien semer. On attend ensuite la levée des graines d’adventices, qui étaient présentent dans le sol,  pour les détruire et enfin réaliser le véritable semis de légumes, de fleurs et même de gazon.

Le faux semis est une pratique courante en agriculture biologique. C’est une technique efficace, simple à mettre en œuvre et qui facilite le désherbage futur des cultures. Elle est particulièrement indiquée pour les graines qui mettent du temps à lever (exemples : carottes, poireaux, céleri, salade…).

Même sans pratiquer le faux semis, il est important de désherber afin de laisser le plus de chance possible à vos plantations.

  • Préparer son paillage

Facile à mettre en place sur toutes les parties du jardin et d’une efficacité redoutable, le paillage protège votre jardin et réduit significativement l’installation d’herbes indésirables, tout en limitant l’évaporation et donc les besoins en eau, et en favorisant la vie du sol, mais aussi l’assimilation de votre compost. Donc c’est vraiment l’idéal !

Tout d’abord, un petit rappel. Le paillage permet de :

  • protéger aussi bien de la chaleur que du gel
  • protéger certains auxiliaires, comme les vers de terre, coccinelles…
  • limiter la pousse des mauvaises herbes dans votre jardin
  • créer un humus qui absorbe bien l’eau
  • diminuer les écarts de températures du sol permettant aux microorganismes d’être actifs plus longtemps
  • empêcher l’évaporation de l’eau du sol pour alimenter les plantes, et donc réaliser des économies d’eau
  • donner un aspect plus soigné au jardin

Pour réaliser un paillis, vous pouvez réutiliser sans problème bon nombre de déchets verts issus du jardin :

  • tonte de pelouse,
  • paille,
  • compost de plus de trois mois,
  • feuilles mortes (attention à bien mélanger pour qu’elles ne s’envolent pas),
  • coquilles de noisettes, de marrons ou de noix,
  • aiguilles de conifères,
  • sable ou gravier.

 

Petite astuce : utilisez des orties (en grande quantité et après les avoir laissé quelques jours au soleil), cela vous permettra d’avoir un paillage efficace, de donner plus d’azote à vos plantes et renforcer leurs défenses immunitaires.

Suivre ses semis, repiquer, planter et semer en extérieur

Comment vont vos semis réalisés en février ou en mars ? Il faut surveiller leur croissance, la température leur couleur. N’hésitez pas à retourner voir nos conseils de mars pour vérifier que tout va bien.

Avant de les mettre en terre, beaucoup de plantes aimeront être « repiquées » comme les tomates. Deux feuilles vraies annoncent le repiquage. Le repiquage est une étape importante dans la vie d’un semis et cela consiste à mettre la jeune plante issus de votre semis dans un contenant plus grand afin qu’elle puisse terminer sa croissance jusqu’au moment de la plantation. On entend par « feuilles vraies” celles qui viennent juste après et qui vous permettent déjà d’identifier votre plante.

Avec le beau temps, la tentation peut être grande de les planter rapidement. Cependant, en cette période de l’année, des plants trop jeunes pourraient faire l’objet d’un festin pour les escargots et les limaces. De plus, vous risquez de les exposer à des températures encore peu favorables même en ayant endurci vos plants. Enfin, vous n’êtes pas à l’abri d’une gelée tardive. En conséquence on conseille d’attendre mi-mai voire début juin pour planter les tomates, aubergines, poivrons etc..

Si la plantation reste l’un des gestes les plus agréables à réaliser au jardin, il n’en est pas moins l’un des plus importants dans la vie d’une plante, d’un arbre ou d’un arbuste qu’ il faut donc réussir !

Si vous avez un espace couvert ou que vous souhaitez les planter en terre, prenez quelques précautions et ne plantez que ce que nous allons vous conseiller :

  • Attendez que le plant soit suffisamment développé
  • Acclimatez vos plants pendant 3-4 jours, en les sortant le jour et en les rentrant le soir
  • Respectez les principes de rotation des cultures : ne plantez pas vos tomates où elles étaient l’année précédente, ni où il y avait d’autres plantes de la même famille botanique.
  • Arrosez vos plants le matin ou quelques heures avant de planter : ainsi, ils se libèreront plus facilement du godet, en un seul bloc.
  • Autour du pied, creusez légèrement en couronne à 10 cm du pied et versez votre arrosage : ainsi, l’eau irriguera bien le pied.
  • Pailler

 

Ce que nous pouvons faire en Avril :

  • Enrichir son sol
  • Préparer son paillage
  • Faire son compost
  • Dans les régions chaudes, cueillez les premiers petits pois hâtifs
  • Planter en pleine terre : Artichaut, asperge, céleris-branche, céleri raves, choux, fraisier remontant (dernier délai !), laitue, pomme de terre
  • Semer en terre : Betteraves, blettes, carotte, cerfeuil, chicorée, épinards, fève, haricots, navets, oignons, panais, pois mangetout, radis

Mais aussi : capucine, pâquerette, impatiens, œillets d’inde, œillet du poète, cosmos, lin, pois de senteur, souci, violette, cosmos…

  • Semer dans votre nurserie : Melon, courge, concombre, fenouil, aubergine, cornichon, concombre
  • Repiquer les tomates, melons, betteraves, poivrons..

 

Pour aller plus loin :

 

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