Associations et usager·es du monde entier…
… unissez-vous !
Contexte préliminaire au soulèvement associatif
Depuis trop longtemps le même constat s’impose aux associations : nos marges de manœuvre réduisent, nos libertés aussi, l’une et l’autre continuellement grignotées par des décisions politiques. Ces dernières affaiblissent celles et ceux qui, non content·es de prendre soin de la société, pallient aux manquements de l’État. Le projet de loi de finances qui se prépare organise et structure une austérité qui aura bientôt raison de nous : réduction des subventions, non-renouvellement de contrats, remplacement de salarié·es par des dispositifs moins coûteux.
Pendant ce temps, les secteurs de l’ordre et de la défense sont renforcés. Autrement dit, ce qui soigne, éduque et crée du lien est comprimé ; ce qui surveille et contrôle est renforcé.
La situation en chiffres :
- 26% : c’est la diminution du budget alloué à la jeunesse et à la vie associative, qui passerait de 848 à 627 millions d’euros
- 16%: c’est le taux de diminution de l’aide publique au développement, qui passerait donc de 4,4 milliards d’euros à 3,7 milliards
- 54% : c’est ce que perd l’aide au développement de l’économie sociale et solidaire, qui serait réduit de 26,7 millions d’euros à 12,3 millions !
- 40% des associations estiment devoir réduire l’étendue de leurs activités.1
Derrière les associations, il y a bien entendu les acteurs et actrices, les salarié·es, nous. Et puis, il y a les millions d’usagers et d’usagères. Les personnes qui, chaque jour, bénéficient de services que l’État français ne fournit plus. Le milieu associatif est devenu un amortisseur social invisible, indispensable mais présumé silencieux. Or, quand les moyens sont réduits, ce sont des actions qui disparaissent, des personnes qu’on ne peut plus accompagner. Continuer « comme si de rien n’était » c’est accepter que notre utilité sociale se fasse au prix de notre invisibilité politique.
Nous devons donc cesser d’être les bon·nes élèves, et refuser à l’unisson la posture sacrificielle que l’on nous prête – et qui ne sert que les intérêts d’un état démissionnaire.
Le 15 novembre2, on (dé)bloque le pays
Le 15 novembre, une manifestation nationale aura lieu à Paris – et des actions s’organisent de manière décentralisée. Elle n’est pas initiée par un parti ou un appareil syndical, mais par des collectifs, des associations, des salarié·es et des citoyen·nes qui refusent de laisser le budget se décider dans leur dos, par un gouvernement qui peine lui-même à justifier sa légitimité politique. Les mobilisations précédentes ont déjà obtenu un recul. La suppression des deux jours fériés envisagée par le budget a été retirée. Les victoires pourraient être plurielles si la mobilisation s’intensifiait. La rue sait résister.
Bio Consom’acteurs ne rejoint pas cette mobilisation par posture. Nous y allons parce que notre mission (défendre une alimentation saine, durable, socialement juste) est devenue intenable dans un tel contexte d’austérité. Sans soutien public, les associations cessent leurs activités : les animations dans les écoles disparaissent, les projets pédagogiques s’arrêtent, les actions de sensibilisation se réduisent. Nous ne sommes pas les prestataires discrets d’un service public externalisé. Nous sommes un acteur de l’intérêt général. Défendre nos moyens, c’est défendre l’accès de toutes et tous à l’éducation, à l’alimentation de qualité, au droit de comprendre et d’agir sur son territoire.
Le choix de de la cohérence
Beaucoup d’associations ont du mal à se sentir légitimes lorsqu’il s’agit de faire grève. Nous accompagnons des publics fragiles, nous portons des projets utiles, et l’idée même d’interrompre ce travail semble aller contre notre rôle. Mais c’est précisément parce que notre travail est indispensable que la grève a du sens. Si l’arrêt d’une journée met déjà tant de choses en tension, cela montre bien que les associations compensent un retrait massif de l’État. Nos actions ne devraient pas dépendre de l’héroïsme de salarié·es et de bénévoles épuisé.es.
Refuser de se mobiliser au motif que « ce n’est pas notre rôle » reviendrait à accepter que la solidarité soit dépolitisée, réduite à un service. Or, la solidarité est un choix politique.
Rejoindre le 15 novembre, c’est défendre notre capacité à agir
Le 15 novembre, nous serons dans la rue. Parce que nous refusons que l’austérité soit notre horizon. Parce que nous refusons que nos missions deviennent impossibles faute de moyens. Parce que le monde associatif n’est pas un supplément d’âme du politique : il en est un contre-pouvoir. Nous invitons nos adhérent·es, nos partenaires, nos lectrices et lecteurs à nous rejoindre dans cette mobilisation. Défendre les conditions de l’action associative, c’est défendre celles et ceux qui en bénéficient. Une société qui éduque et qui prend soin est un choix collectif, pas une variable d’ajustement budgétaire.
Le 15 novembre, faisons le choix du nombre et de la solidarité.
1 https://www.carenews.com/carenews-info/news/budget-2026-les-propositions-du-budget-2026-concernant-le-secteur-associatif
2 Cette date a notamment été choisie parce qu’elle est la date d’anniversaire des Gilets Jaunes : le dernier soulèvement populaire à avoir fait trembler l’Elysée.