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QUESTION DU MOIS : Peut-on vraiment produire du sel bio ?

Vous prendrez bien un peu de sel bio ? Mais peut-on vraiment produire du sel bio au fait ? Non, le sel bio de demain ne nous correspond pas !

 

La certification du sel bio : un dossier récurrent

 

Au même titre que la spiruline, le sel bio est un sujet complexe qui fait débat depuis des années. En Europe, vous ne trouverez pas de sel pur bio, sauf s’il est mélangé avec d'autres produits alimentaires bio comme des herbes, aromates et baies, mais le sel seul ne peut être considéré comme bio.

En effet, le sel est un produit minéral qui ne peut être considéré comme issu de l'agriculture et ne peut donc être certifié "agriculture biologique ». C’est ce que le Parlement Européen, soutenu par l'ensemble du secteur bio, a confirmé en rejetant le 11 juillet 2023 le règlement proposé pour la certification du sel.
Les États Membres peuvent élaborer leur propre cadre réglementaire pour le sel considéré comme "bio". La France a décidé de s’engager dans cette démarche, soulevant l’inquiétude des producteurs et des acteurs de la bio.

Tout comme le sel, l'eau ne peut être certifiée bio car elle n'est pas cultivée, elle est pompée ou collectée directement de sources ou de gisements naturels. Par contre, les produits alimentaires qui sont ajoutés dans l'eau peuvent être issus de l'agriculture biologique.

Une tromperie des consommateurs au bénéfice des industriels ?

L’Etat s’engouffre dans la brèche car les enjeux économiques sont conséquents avec le risque d’avoir dans les étals de nos commerces des sels labellisés AB, mais de nature, origine et aux méthodes de production très variées. Ni les petits producteurs, ni les acteurs de l’agriculture biologique n’y sont favorables. Un bel exemple du détournement des questions environnementales au profit d’une minorité au risque de perdre à nouveaux les consommateurs-trices et de décrédibiliser l’agriculture biologique.
Les acteurs de la filière et de la bio s’y opposent :

  • Association française des producteurs de sel marin de l’Atlantique récolté manuellement (AFPS)

Elle pointait dans le projet de cahier des charges la possibilité de labelliser la technique d’obtention du « sel en chauffant artificiellement de l’eau salée, sans contrainte quant à l’énergie utilisée. [...] A contrario, pour le sel de mer qui s’évapore naturellement, sans aucune dépense énergétique, la Commission impose que la phase de séchage du sel soit réalisée avec de l’énergie renouvelable ». Pour l’association, « cela n’a aucun sens écologique et crée de fait, une distorsion de concurrence »

  • L’organisme de certification Ecocert France s’oppose « fermement » à la certification AB du sel extrait des mines souterraines.

Le sel bio français serait « une tromperie manifeste des consommateurs, remettant en question la crédibilité et l’image de toute la filière, voire pire, du label Bio dans son ensemble », a certifié Gaëtan Sirven, responsable de programme et de certification chez Ecocert

  • Même son de cloche du côté de la Fnab (fédération nationale de l’agriculture biologique) ou de IFOAM Europe. Les acteurs de la bio s’y opposent pour les mêmes raisons que les acteurs cités précédemment.

 

Le sujet du sel est d’autant plus intéressant qu’il montre que nous pouvons retrouver les mêmes intentions de profit au détriment de l’intérêt général que dans beaucoup de domaines. Les consommateurs-trices doivent avoir conscience du consensus de la filière bio et des paysans de la mer sur le sujet.

Souce : Article Reporterre Bataille autour du sel bio : les industriels veulent profiter du label

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